Psychologie de l'hippopotam

canard-en-plastique

Il me suffit d’entendre le mot « Hippopotame » et me voilà aussitôt en train de rentrer ce tas de lettres informe dans la barre de recherche Wikipedia.  D’une part car je ne sais pas orthographier le mot Hippopotame, d’autre part car comme toute bonne gourde à sébum de moins de 25 ans peuplant le début de ce 21ème siècle, j’ai depuis bien longtemps abandonné l’idée de mémoriser quoi que ce soit qui ne soit pas une marque ou un itinéraire RATP.

Ce que m’apprend l’illustre inconnu, qui ne devait guère savoir mieux que moi comment orthographier « Hippopotame », c’est que la charmante bestiole peut peser jusqu’à 4 tonnes et qu’avec l’hippopotame nain, il s’agit du seul rescapé de la famille des Hippopotamidae qui, entre nous, ne devait guère vivre en bon chrétien si l’on considère le taux effarant de mortalité dans la lignée.

Autant vous dire qu’à ce stade de mon récit, la tension est à son comble. Il existe donc sur terre des hippopotames nains !

L’article continu en expliquant que :

« Malgré son air patelin, il compte parmi les animaux les plus dangereux pour l’homme ».

Deuxième rebondissement ! Jusque là, je n‘avais encore jamais lu ou entendu d’un animal qu’il pouvait être patelin. Ni d’un Homme d’ailleurs. Ainsi mon aventure me conduit jusque sur les rivages du Le Robert illustré (si y a pas d’images j’arrive pas à lire) pour y découvrir, non sans stupeur, la définition de patelin :

Patelin (adj.)

1. Doucereux, flatteur. 

Fascinant. A croire que mon admiration pour cette noble pense sur pattes n’a de cesse de grandir à mesure de mon avancée dans l’étude de sa psyché. Ainsi l’hippopotame serait d’une nature doucereuse voir flatteuse. C’est en y repensant que je me suis alors souvenu de mes antiques visites au zoo où ces quelques phrases m’étaient hélées ça et là :

 « Oh mais qu’il est sage ! » et autres « mais si c’est pas une adorable petite fille ça !».

A l’époque, j’avais innocemment associé ces répliques à quelques matriarches ventripotentes. De là à penser qu’il s’agissait en réalité de l’hippopotames s’emmerdant sec derrière leurs enclos, je dois être honnête, j’en suis tout retourné. Mais si La Fontaine (pas Philipe, l’autre) nous a bien appris quelque chose c’est bien qu’il faut se méfier des animaux capables de flatteries. Il n’y a point de doute à avoir sur le fait que si le poète avait croisé la route d’un Hippopotame plutôt que celle d’un renard, c’est bien dans la bouche de cette boursoufflure malodorante qu’aurait fini la meule de conté 12 ans d’âge. Si tant est qu’un hippopotame puisse être tenté par un fromage à pâte dur. Ce qui n’est pas le cas.

Pour tout vous avouer, la suite de l’article ne brille pas vraiment par son intérêt scientifique. On y apprend, entre autres, qu’avec une mâchoire capable de s’ouvrir à 150°, la bestiole peut définitivement être taxée de grande gueule. Qu’il est un animal grégaire, qu’il passe la majeur partie de sa vie dans l’eau, que son petit surnom est bibiche ou tipotam et que nos techniques d’observation empirique nous permettent d’affirmer avec une exactitude quasi totale qu’il est incapable d’utiliser un four micro-onde ou un I-Pod.

Maintenant concluons voulez-vous ? Si on m’avait dit il y a encore quelques jours que mes connaissances en matière d’hippopotamidae me conduiraient à développer une affection sans bornes pour ces gros tas au grands cœurs, tantôt touchants, tantôt cruels, je ne vous aurait pas cru. Aujourd’hui clamons-le bien haut, j’aurais eu raison. L’hippopotame n’a rien d’intéressant, n’en parlons plus.

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