Quand il faut y aller, il faut !

Je connais un chouette coin pour se balader et se balancer dans l'canal. J'y suis, résolu et déterminé, c'est décidé, j'y vais de ce pas, me décéder.

Putain ! Il y a déjà du monde. Une foule en file d'attente. Je me positionne à la suite et demande à la fille devant moi.

-         Vous êtes là, depuis longtemps ?

-         Non, j'arrive juste. Mais, on m'a dit que le premier était arrivé à trois heures du matin et comme il a hésité trop longtemps avant d'être poussé. Bien sûr, on a pris du retard.

-         On ne peut pas réserver.

-         Si ! Mais les démarches sont compliquées et si longues que l'on a le temps de changer d'avis. Remarquez, les femmes enceintes ont la priorité.

-         Ça, c'est toute l'administration ! Et vous, vous vous suicidez pourquoi ?

-         Une peine de cœur.

-         Comme moi, une panne de cœur, je suis cardiaque.

-         Mais pourquoi n'attendez-vous pas qu'il s'arrête tout seul, de lui-même ?

-         J'ai attendu, mais il est lâche, il ne veut pas lâcher prise, il s'accroche à la vie comme si c'était la sienne.

-         Je comprends.

-         Venez, on va aller prendre une glace en attendant.

-         Vous ne craignez pas que l'on perde notre place ?

-         Tant pis. Moi, je reviens demain, à deux heures sonnantes, pile-plouf.

-         D'accord ! J'y serai aussi, on sautera ensemble, ce sera plus sympa !

***

Le temps passe si vite, on a trois enfants à présent et même plus le temps d'aller faire la queue sur le pont.