Quand la haine domine.

nininem

Elle, je la déteste. C’est sur ses épaules fébriles que repose l’une des plus grandes multinationales. Elle est, comme on dit, du « grand monde ».  Vous devez être en train de vous dire que la raison de ma haine, c’est qu’en contrepartie d’un tel statut, ce doit être une personne méprisante à l’égard d’autrui.  Et bien non, peut-être même est-elle la cible de nombreux malheurs dont elle en tire un autre, celui de devoir le cacher. En supposant que cela soit vrai, la froideur de son visage n’en laissait rien échapper.

Me considérant comme quelqu’un de très empathique, j’aurai de la compassion pour elle si ce sentiment n’était pas aveuglé par ma haine.

Pourquoi ?

Déjà car c’est pour moi un sentiment quotidien, je m’y réfugie pour me mettre à l’ abri des autres.  Ensuite, car cette femme incarne tout ce que je ne suis pas. Force, courage, beauté, intelligence et j’en passe... 

Je me présente : Je m’appelle Eugénie et je suis la cadette d’une famille de 4 enfants. A mes 5ans, nous déménageons dans une belle et grande maison de pierre. Mon CP se passe plutôt bien, hormis un petit incident de vessie le premier jour, car je n’osais pas demander a la maitresse, qui fus suite a beaucoup de moqueries, sinon tout allait bien. Par contre lorsque j’entre en CE1 je tombe sur une enseignante qui réussit à me convaincre que je ne savais pas lire, bien entendu, je savais bel et bien lire. Mes parents constatant bien la bêtise de celle-ci, ils décidèrent d’aller lui remonter les bretelles. Passée en CE2, avec donc une maitresse  différente, tout allait pour le mieux, sauf bien sûr, le retard que j’avais pris en CE1 à cause de cette institutrice bornée.

Du moins, pour ce qui était au niveau du « scolaire », car dans la cour de récréation, ce n’était pas joyeux. J’avais bien Florence qui durant toute ma primaire n’a pas cessé d’être mon amie, de me trahir, de redevenir mon amie... Et ce jusqu'à l’adolescence où il fallait bien remarquer qu’elle jouait toujours à ce jeu-là et qu’elle n’était pas vraiment une amie.

Il y avait Laura, je la détestais celle-là, c’est pour elle que Florence me trahissait la plupart du temps, mais je ne la détestais pas pour ça, non, mais parce qu’elle était celle vers qui tous les autres se tournent. C’était elle qui était « populaire », aimée, bien coiffée, toujours entourée. Parfois horriblement méchante afin de garder sa « popularité » et d’autres fois très gentille, ne se rendant pas compte du mal qu’elle aurait pu causer quand elle était entourée et donc devait remplir ces obligations de leadeuse.

Frank, mon tortionnaire, et Thomas, une version de moi en masculin. Mais nous n’étions pas amis pour autant, a vrai dire, il me faisait drôlement peur parfois.

Mais nous étions tous deux rejetés, ridiculisés, humiliés dès que nous franchissions le pas de l’école. Vous me direz que les enfants peuvent être horrible entre eux, et que c’est toujours comme sa. Je vous répondrais que cela ne le devrait pas ! Je l’ai vraiment très mal vécu. A tel point que je réveillais mes parents toutes les nuits pour faire semblant d’être malade pour ne pas aller à l’école. J’étais si souvent malade que le médecin de famille me cherchait une maladie chronique, du moins quelque chose qui provoquerait cela. S’il aurait su que c’était le cerveau plutôt que le corps qu’il fallait m’examiné !

Il n’y a que quand je rentrais à la maison que je bondissais dans tous les sens… Je faisais rire mon père, je donnais tout mon amour à ma mère, j’admirais ma sœur, et je méprisai, tour à tour, un frère après l’autre.  Ma joie résidait chez moi auprès de ma famille.

Je faisais rire mon père,… Je crois que c’est ce qui me manque le plus. Son rire, notre complicité.

Tout de suite vous allez penser «  il est mort ! ». Et bien non, et c’est plutôt moi qui ai ressuscité.

Rentrée au collège, j’avais la peur au ventre, je ne disais rien, ne parlait qu’a très peu de gens. Mais je commençais doucement a m’intégrée. Arrivée en cinquième, je fis la rencontre d’Ophélie, sans qui je ne serais peut-être jamais sorti de ma tanière. Elle m’a transformée.  Bien sûr j’étais toujours réservée et timide, pourtant tout le contraire de ce que j’étais lorsque j’étais chez moi, mais j’ai commencé à me forger. 

A mes 13 ans j’organisais une fête d’anniversaire à laquelle mes invités sont venus ! Je n’y croyais pas, je commençais à être aimée ! J’étais devenue amie avec Alicia et Cynthia.  Je ne me rendais même pas compte de la chance que j’avais d’être moi-même.

Je rencontrais Vivien sur internet, et très vite, il vint me rencontrer en vra et nous commencions a nous appréciés, mais peut-être n’était-ce que pour oublier Axel, celui qui m’a trompée et larguée en m’adressant toutes sortes d’insultes horribles. C’était pourtant le premier à avoir touché mon corps, cocue a 13 ans.... Ou peut-être encore que je me servais de lui afin d’avoir ce qu’il faut pour passer une soirée bien alcoolisées et droguées comme on les aimait tant avec Florence.

D’ailleurs, elle déménageait de notre petit hameau peu de temps après, surement un an après notre première clope ensemble, elle partait vivre avec sa mère alcoolique sur Paris. Nos adieux furent horribles et interminables. Dès que je le pouvais, je me rendais à Paris pour elle.  Après tout, plus jeune nous avions jurées «  amie pour la vie » alors qu’est-ce qu’un déménagement pourrait y faire ?

Je tombais amoureuse de Vivien, et nos amies de chaque côté, nous incitaient a sortir ensemble. Manipulatrice que j’étais, j’avais fait en sorte que sa copine actuelle le largue quelque mois avant cela. Nous nous sommes embrassés pour la première fois totalement ravagé par l’alcool, un jour de vacances vers 15h de l’après-midi, pendant que Cynthia, Alicia et Julie, complétement ivres mortes jouaient au jeu de la bouteille sans bouteille. Julie se sentit très mal, nous avons donc été obligé d’appelé sa mère, qui m’a interdite de la revoir par la suite. Comme si je lui avais mis la bouteille a la bouche… C’était une très bonne amie et ce depuis plus longtemps que les autres et ne plus lui parler alors que nous étions toujours dans le même collège m’anéantissait. Nous nous entendîmes si bien, pourquoi tout gâcher ? Mais moi aussi ce jour-la, je n’étais pas bien, trop d’alcool et trop de stupéfiant, beaucoup plus que pendant les autres jours de vacances, car ce fus nos activités quotidiennes, du moins pendant les vacances. Je devais raccompagner Ophélie chez elle avec ma mère pour conductrice, qui d’un seul regard dans le rétroviseur compris de la lividité de ma peau et du vide de mon regard, ce qu’étaient nos « occupations » de vacances. Pendant mes punitions, si on peut les appeler comme cela, mon passe-temps a été m’automutilée, les veines de chaque avant-bras pour ressentir physiquement cette douleur psychique de l’adolescence incomprise, mais surtout pour attirer l’attention sur mon malheur. J’en ressentais de plus en plus le besoin. Cela ne plaisait pas a Vivien, ni a mes amies, mais moi J’en était fière, de ces coupures, elles m’octroyaient plus de pouvoir sur eux comme si le fait de souffrir me faisait passer en position vedette. J’aimais cela. Mon sang devenait mon amie, mon être salvateur. Pas uniquement de ce sentiment de pouvoir qu’il me conférait, mais par la douleur qui s’en échappait. La souffrance physique a fini par me devenir une drogue.

  • Merci beaucoup !
    Mysteria / Karine : Quelle coïncidence ! J'aime beaucoup tes "Marine est une folle" également ;) Et oui effectivement il faut que je fasse plus attention, maintenant que tu a souligné cette faute, je ne sais même pas comment j'ai pu la laisser passer ! Merci !

    Lounalovegood : Merci beaucoup ! J'adore écrire depuis toujours. Je ne sais pas si c'est l'écriture qui soulage tant ou le fait d'être publié, lu, et que d'autres puissent ce reconnaitre dans ces propres textes, cela fait du bien de savoir qu'on est pas si seuls que ça ! Encore Merci !

    · Il y a presque 12 ans ·
    Default user

    nininem

  • Dis donc ... Quel texte ... ..! Continue à écrire, cela exorcise bien des démons. Bienvenue à toi, bises

    · Il y a presque 12 ans ·
    Illustration campagne avc

    lounalovegood

  • Nininem, je te souhaite la bienvenue!
    je ne sais pas quel âge tu as, mais je reconnais bien dans ton texte les questions qu'on se pose toutes, nous les filles!
    la douleur d'être rejetée, je connais bien. j'écrirai un jour là-dessus...
    je t'encourage à continuer. ça fait du bien de se lâcher.
    tiens, j'ai un ami, sur ce site, qui a une petite soeur qui porte le même prénom que toi...
    et qui, parait-il, apprécie mes "Marine est une folle"...
    si je peux te donner un conseil, vu que ton écriture est bonne, c'est de faire attention à la conjugaison. ("s'il avait su", pas "s'il aurait" par exemple)
    continue! je vais lire ton autre texte de ce pas!

    · Il y a presque 12 ans ·
    Img 0052 orig

    Karine Géhin

  • Oui, un peu trop a mon gout même. En faite, j'ai voulu écrire a quoi ressemble ma vie depuis toute petite. Pour me libérer. Je l'ai juste couper afin de ne pas avoir 10 pages de plus ( au moins ! ). Milles Merci pour votre commentaire.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Default user

    nininem

  • texte tres fort. il y a beaucoup de douleur dans ce texte.

    · Il y a presque 12 ans ·
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    christinej

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