Quand la vie fait pas Boum

Hervé Lénervé

J'entends, mais je ne comprends pas. Je vois, mais je bois aussi.

Grâce à ma prothèse auditive longue portée !

Grâce et à ma visée monoculaire* !

Grâce à Dieu ! Heu... non... pardon, il n'y est pour rien là, il ne peut pas tout faire, non plus.

* Oui, la visée monoculaire sont des jumelles qui ont perdu leurs sœurs. Elles voient de jour, comme de nuit, mais elles pleurent.

Donc, j'entends, mais je ne comprends pas. Une voix de femme, de jeune femme et celle d'un homme, plus grave. Là, dans les aigus, la voix d'un enfant, d'une enfant, ça s'entend aux exclamations spontanées de sa joie.

Ca y est, ils ont changé de pièce, je vois à présent, mais je bois toujours.

J'l'avais dit ! Même écrit, l'enfant est une gamine, blonde, espiègle et gaie, déjà à son âge, elle est précoce la petite.

La femme est une femme, j'entends par là, qu'elle vient de sortir d'un magazine de Modes & Glamour, elle a encore des bouts de papier collés dessus. Grande, fine et charmante de gestes.

L'homme est grand, mais moins que le Prophète, il porte la barbe et fume la pipe à la maison. L'image idyllique du ménage moderne.

Bon, alors, qu'est-ce qu'il m'a dit l'autre con de Corse de Palerme ? « D'abord, le bouton qui fait Clic ». Lui, il a bien la gueule d'un bouton qui fait Clic. Allez, je clique !

L'a pas fait Clic, le Con ! M'en fous, je continue.

« Puis, tu appuis sur le buzzer qui fait Boum. » Ok, cool, fastoche, let's go, ça s'danse les doigts dans l'cul, c'est du patois bourguinionné.

Allez ! Je Buzze ! C'est parti , je buzze à Calvi.

Rien, encore rien. Putain, je vais me faire virer de la profession, à la fin. C'est mon second attentat qui ne fait pas Boum.

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