quand le Chagall n'est pas là

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Le personnage

Eve Marc a aujourd’hui 21 ans. Elle a passé son enfance entre New York et Moscou jusqu’à ce que son père, general dans l’armée russe soit tué lors d’une mission en Tchétchénie. Du moins c’est ce qu’elle croit.

Sa mere, américaine et femme au foyer, l’a ensuite élevée en essayant de lui transmettre le maximum de culture de tout ordre, aussi bien artistique que sportive. Elle a pratiqué la gymnastique sportive, le karaté la danse et l’escrime à un haut niveau. Sa mere est décédée dans un accident de voiture 6 mois auparavant.

Eve a grandit à Brooklyn en lisant beaucoup, plutot solitaire bien que curieuse. C’est une belle jeune fille, comme le montrent les regards qui s’arrêtent régulièrement sur elle. Brune, fine, sportive des yeux noirs intenses et decidés la font immédiatement repérer lorsqu’elle se déplace. Elle assume et en joue sans toutefois entretenir de relation amoureuse stable. Elle pense que l’amour est un sentiment compliqué et qu’il sera bien temps de s’en préocuper plus tard. Elle est restée proche de son ami d’enfance Lucas. C’est son seul lien avec son passé, un repère et confident précieux pour elle.

Aucune attache ne la retenant plus à NY, elle a décidée de suivre les cours de l’école du Louvre à Paris et de s’accorder deux ans avant de rentrer dans le moule d’une vie qu’elle imagine monotone mais aimerait d’aventures.

Elle est en stage d’étude dans une galerie d’art parisienne quand elle tombe par hasard sur une petite annonce qui attire son attention au foyer des élèves.

Companie internationale recherche employé(e), autonome, parlant russe, anglais et si possible français, pour transport d’oeuvres d’art entre NY et Moscou ou Saint Petersbourg. Forte remuneration si implication totale au projet. Présentez vous le 6 mai au 15 rue des dames entre 16 et 18h.

L’adresse ne correspond pas à un immeuble ce qui n’est pas si frequent à Paris. L’endroit a tout d’une maison minitiature, un paillasson qui repose quasiment sur le trottoir, des geraniums aux fenêtres de l’unique étage, une porte bleue avec cette seule indication : “Recrutement System Art Symbols”.

Elle sonne.

Un homme d’un age incertain est assis et la regarde entrer dans le minuscule salon plongé dans une semi pénombre.

Eve est surprise par cette ambiance bien différente de ce qu’elle imagine être un recrutement mais ne se sent pas mal à l’aise.

-       Bonjour, je m’appelle Eve Senrien, je viens pour l’annonce, j’aimerais travailler pour votre compagnie

L’homme la regarde sans répondre et l’observe intensément.

Après un long moment, d’une voix où on distingue une légère pointe d’un accent non identifié, il lui répond enfin.

-       Qu’est-ce que vous voulez trouver chez nous ?

Eve est surprise, jamais elle n’avait pensé à cela en se rendant au RV. Rapidement elle repense au texte de l’annonce et répond.

-       et bien je parle anglais, russe et mon français s’améliore fait de gros progrès depuis que je me suis installée à Paris. Je suis les cours de l’école de Louvre et je pense pouvoir correspondre au poste que vous proposez.

-       Ça je sais ! s’énerve l’homme, non je veux savoir ce que vous voulez TROUVER CHEZ NOUS !

-       Euh, un travail interressant, qui me fasse voyager, rencontrer des personnes différentes, apprendre autant qu’être utile et gagner ma vie ?

L’homme se radosse. Il sourit peu à peu.

-       Bien. Etes vous libre de voyager ?

-       Oui, je n’ai plus de famille c’est un peu pour cela que suis à Paris et…

Mais l’homme lui coupe brusquement la parole en se penchant vers un tiroir dont il sort une enveloppe

-       vous êtes engagée. Voici vos documents de voyage. Vous partez demain, nous nous retrouvons à 15H00 au terminal 2 de Roissy pour embarquer sur le vol pour Saint Petersbourg. Soyez ponctuelle.

Scene d’action

Eve était assez amusée d’avoir été invitee au concert par Thom Yorke. Tom m’invite pensait elle en riant intérieurement oubliant presque qu’elle avait de nouveau apercu les quatre hommes qui la filaient l’autre soir sur church Avenue.

La musique du groupe de première partie était assourdissante, Eve les regardait depuis le fond de la salle près d’un gradin quand tout à coup elle senti une douleur qui lui vrillait la tempe. Les hommes l’entouraient et l’un d’eux venait de lui porter un coup de poing sur le côté. Elle chancela autant de surprise que de douleur et s’écroula quasiment dans les bras d’un des autres hommes, le troisième lui soutint les pieds et elle fut proprement escamotée sous les yeux des 20000 spectateurs sans qu’elle puisse esquisser un geste.

Mais qu’est-ce qui m’arrive pensait elle alors qu’elle faisait des efforts surhumains pour reprendre ses esprits. Soutenue par les deux hommes, escortée et suivie par les deux autres, elle fut jetée dans un bus. Le bus démarra aussitôt, un cinquième complice attendait au Volant près à démarrer.

Non ! elle devait reprendre le contrôle ! Qu’aurait fait Boris à sa place ? elle était au fond du bus, ligotée dans une ceinture de sécurité du bus. Elle commença à se contorsionner pour mettre sa montre multi fonction sur position “cut”. Elle se glissa pour attaquer le lien et en ondulant doucement réussi à scier la ceinture.

Bon, ça c’est fait pensa-t-elle en elle meme, what else’s gentlemen ?

Le fond du bus était plongé dans l’obscurité, belle aubaine !

Elle entreprit de se rapprocher des ses ravisseurs. Quatre contre une plus un chauffeur, ce n’était pas rien pour son premier combat rapproché !

Les hommes assis dans les premiers fauteuils discutaient entre eux dans une langue inconnue d’Eve. Soudain l’un deux se leva alors que les autres riaient et se dirigea vers le fond du bus, précisement vers elle. Elle s’était avancée, il allait donc immédiatement voir qu’elle avait rompu ses liens, vite une idée !

Le bus roulait, l’espace réduit n’offrait pas un terrain de lutte confortable, les quatres hommes seraient de toutes les façons plus forts physiquement qu’elle, tout cela ne sentait pas très bon ! Mais il devenait impossible de reculer au fur et à mesure que l’homme avançait en se tenant aux dossiers des fauteuils, Eve palissait. Sentant la presence de l’homme elle allongea brusquement sa jambe, bing dans la tête !

Il cria ce qui fit immédiatement se lever les trois autres. Ils s’avancèrent rapidement dans l’allée centrale, Eve se releva de toutes ses forces et en prenant appui sur les dossiers renouvela sa précédente prise, bing ! et de deux ! l’éffet de surprise n’allait plus jouer très longtemps mais l’avantage était que ces idiots étaient en file indienne, Eve sauta de côté et paf ! ses jambes étaient devenus des sortes de couteaux qu’elle lançait en l’air tels des marteaux sans maitres. Le choc projeta le troisème sur le côté, projeté face la première contre la vitre du bus et entendit un craquement bruyant, son nez venait de disparaitre contre la glace security. Et oui pensa Eve, ta tête vaut pas une pierre mon gars !

Elle sentit que le bus décélerait. Vite venir à bout du dernier avant de se retrouver face au chauffeur ! elle regrettait de ne pas avoir pu prendre quelques armes mais c’était trop tard, le dernier s’avançait bien plus prudemment que les trois autres. Il la fixait maintenant avec un sourire malsain qui ne laissait rien présager de bon. Au corps à corps elle ne tiendrait pas la route s’était sur !

Mais soudain le bus freina brusquement, l’homme, destabilise, plongea vers ses genoux, Eve se jeta sur lui et lui écrasa la tête sur un accoudoir. De nouveau un craquement sinistre retenti accompagnant un hurlement. Well done ! pensa-t-elle alors que le bus stoppait sur le bas côté…

Synopsis

Dans l’avion l’homme lui explique qu’il est son père, qu’il a dû disparaitre suite à une operation delicate mais que depuis 10 ans il la suit évoluer de loin tout en poursuivant sa mission.

Si elle est à ses côtés aujourd’hui c’est pour l’aider à concrétiser cette delicate enquête.

Le grand père d’Eve, Boris Popoff, était proche du peintre Chagal au tout début de la seconde guerre mondiale. Comme lui, il a fuit la guerre. Il était chez le peintre la veille de son arrestation en 1941 et ce soir là, Chagall lui a confié une de ses toiles en lui demandant de la mettre en sureté. a été arrêté le lendemain puis a réussi à fuir pour les états unis sans pouvoir revoir son ami.

De son côté Boris a disparu.

On a quelques échos de lui en 1953 à Venise où il apparait dans la liste des invites à quelques fêtes de Peggy Guggheimheim, à Paris où il est cite par Miles Davis dans un de ses entretiens avec un journaliste puis plus rien. Il a disparu et avec lui le tableau.

Or Chagall avoua sur son lit de mort qu’il avait caché les secrets de fabrication d’un baume de jeunesse  révolutionnaire dans cette toile.

Si cette peinture peut être retrouvée, ce secret pourrait être exploité et l’enjeu est de taille car cette (re)découverte pourrait révolutionner le monde de la cosmétique.

Les enjeux financiers sont énormes

Vlad, le père d’Eve poursuit cette quête depuis qu’il a l’âge d’Eve.

Il a parfois cru atteindre son gral mais à chaque fois il est arrivé trop tard ou la piste était un simple leurre.

Eve écouta le récit de son père. Les cinq heures de vol y suffirent à peine. A l’arrivée elle était épuisée. Etait-ce le sentiment étrange qu’elle n’avait pas tous les elements de cette histoire ? Pourquoi son père ne réaparaissait-il que maintenant ? Tout ça pour une crème de beauté lui paraissait bien futile et sa mere dans tout ça ? S’était elle doutée que Vlad était encore en vie ? Elle n’en parlait jamais avec elle et aujourd’hui elle se disait que tout cela arrivait trop tard. Elle était partagée entre le plaisir néanmoins contraint de retrouver son père et le doute fondamental que toute cette histoire fut véridique. Vlad, n’était-il pas un simple fou à la recherche d’un mirage qui s’éloignait sitôt identifié ? et qu’est-ce qu’elle faisait là en Russie ?

Plongée dans ces pensées elle remarqua à peine qu’ils arrivaient dans une propriété dans la banlieue de Saint Petersbourg.

Elle découvrit dans cette maison une communauté toute entière consacrée à cette quête. Mais qui donc financait cette organisation ? Eve commençait à se poser des questions, était il possible que son père puisse financer ces recherches depuis tant d’années avec ses fonds propres ? Tout cela était bien mystérieux…

Yvan l’accueillit sur le perron de la maison une fois le jardin traversé en voiture. Il devait avoir 30 ans, grand, slave, musclé. Eve ne put pas s’empecher de reconnaitre intérieurement qu’il était magnifique. Il devenait de plus en plus clair dans son esprit qu’elle avait eu raison d’accepter ce étrange poste !

A Saint Petersbourg, elle est formée aux arts de combats. Son corps sportif réagit rapidement et elle progresse sans difficultés. Boris l’entraine pourtant durement. A tel point que les relations avec lui sont parfois difficiles.

Son père suit une nouvelle piste. Le tableau aurait été vu dans le salon de Thom Yorke leader du groupe de musique Radiohead.

Comment verifier cette piste ? quels liens entre un musicien anglais et cette peinture ?

Eve commence intérieurement à se piquer au jeu. Toute cette histoire l’amuse et elle s’imagine déjà discutant avec une sombre rock star receleuse d’oeuvres d’art oubliées. Pas mal cette nouvelle vie !

C’est dans un état d’esprit quasi joyeux et avec un certain second degree qu’elle s’approprie son personnage d’espionne.

Alors que l’intrigue avance, Eve rencontrera effectivement Thom Yorke, La peinture lui a été envoyée sans coordonnées d’expéditeur il y a une dizaine d’années. Il a toujours pensé qu’il s’agissait de l’oeuvre d’un fan et il l’a accroché car il la trouve de bonne facture.

Au fur et à mesure des investigations d’Eve, on s’aperçoit aussi que le role de Lucas devient de plus en plus étrange. Est-il possible qu’il soit impliqué dans cette histoire ? Comment connait il l’existence de ce tableau ? Pourquoi se rapproche-t-il auant d’Eve au point d’apparaitre un beau matin à Saint Petersbourg ? Qui sont les hommes qui la suivent alors que cette enquête est soit disant privée ?

Scène érotique

Le clip de Thom Yorke dansant l’attirait, sans qu’elle soit sure du pourquoi. Il y avait là une clef. Une chanson liée à des phrases de Chagall et Balanchine? Une vidéo décalée de tout l’univers du chanteur ? Des positions qu’on retrouvait au plafond du palais Garnier?

Elle rejeta ses chaussures de deux déhanchés légers, et se concentra sur la musique, yeux fermés, pour mieux s’en laisser emporter. Quand son corps eut commencé d’onduler de son propre accord, elle s’autorisa à regarder de nouveau les images, faisant cette fois abstraction des notes. Eve se plongea dans la chorégraphie dégingandée de l’artiste, elle n’était pas insensible au ridicule ludique de la scene mais devinait, derrière, un jeu plus fin, inaccessible aux inavertis.

Elle repérait petit à petit dans ses faux exercices de contorsionistes, des caresses, des étreintes, une sensualité qui peu à peu résonnait, à ses cuisses, à son ventre, à sa gorge un peu serrée.

Chaque lancinance rauque de la voix léchait une douce chaleur à son bassin. Plus elle s’abandonnait plus ses jam;bes s’ouvraient, plus ces bras montaient et descendaient le long d’un torse imaginaire.

“Il a bien de la chance”

La voix légèrement plus rauque qu’à l’habitude d’Yvan interrompt sa transe. Elle n’a pourtant pas la force de se retourner vers lui, mais elle sent sa présence proche, elle se sent animale, elle sent comme on renifle, sa peau exhale un musc que sa sensualité animale perçoit, sa chair une chaleur qui vient l’effleurer de brûlures irrésistibles au creux des seins, au sein des cuisses, qui gonfle ses lèvres.

Et soudain il est là, fantôme taquin, son corps danse en regard du sien, il se désarticule en miroir du sien, miroir menteur, décalé, déphasé qui lui fait un écho et un appel en même temps.

Leur proximité semble soudain étouffante, elle s’asphyxie du peu de vétements qui la couvrent, la chorégraphie l’invite, robe et dessous, glissent à ses pieds. Yvan l’imite, Simple désir ? Mêmes sensations ? Il est nu aussi à présent et son sexe dressé se faufile arrogant à ses courbes, à ses secrets entre deux pas de danse.

Ils sont à présent en osmose, en réverbération, frôlements, chocs et appats de deux, elle se sent liquide, en fusion, chaque chuchotement de la queue de son partenaire à l’entrebaillement de son sexe, à l’incertitude des ses fesses, la brûle la fusionne un peu plus.

Elle le veut en elle mais ses yeux retournent vers l’écran, ses oreilles s’accrochent à la musique, sa mémoire dans le plafond de Garnier, les échos de Balanchine, et elle comprend soudain, non elle voit, ce que danse Tom Yorke, seul, appartient à deux danseurs, ce pas est un acte d’amour, la solution est dans le lien, la clé dans la serrure, et comme Yvan la pénètre sans qu’ils cessent de tourner, elle traduit cette danse, et jouit, l’entraine à venir en elle et leurs corps repliés sur le plaisir écrivent en clair le dernier mot de l’énigme.

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