quatre ans sans toi mon gars.
mamselle-bulle
J'me suis trimbalée toute la journée ce putain de texte.
Il était là à me gueuler dans la tête. Ma main luttait pour pas attraper de stylo.
J'ai tout fait bordel. Tout pour pas penser à toi.
Tu m'en veux pas hein dis ? Tu m'en veux pas mon frère ?
J'me suis levée genre vers 8h une première fois. Et bim ton visage est apparu. LÀ. Droit devant moi. Souriant mais tenace. Avec des yeux qui ont envie de raconter ce que la bouche peut pas dire. J'me suis dis merde t'es là dès le saut du lit.
Alors j'me suis levée j'ai bu un verre d'eau. Et j'ai voulu replonger dans le sommeil. Ben ouais mon gars je sais ça aurait été trop simple.
J'ai passé ma journée à essayer de ne pas penser à toi. Mais tu vois. ça a foiré. Tu me diras tout les jours je pense à toi hein pas besoin de date précise.
ais ces putains de 27 janvier. J'crois bien qu' ils vont me coller à la peau toute ma vie.
Tu as eu mal il y a 4 ans dis ? Ça fait mal de mourir ?
Moi il me reste que ton visage. Et encore pas le vrai. Celui de la morgue. glauque à souhait pas vrai ?
Mais dans mes rêves parfois je te retrouve. Avec ton vrai visage. Ton beau sourire. Et parfois même ton rire. Si caractéristique.
Paraît qu' avec le temps et la mort, y'a des côtes des gens qui s'effacent. Leur voix, la couleur de leur cheveux. Ça m'a fait ça pour Tata et pour Lulu. Mais pas pour toi. Nan toi tu es resté intact. Bien gravé dans ma mémoire à la con.
Bref, aujourd'hui j'ai nettoyé l'appart de fond en comble pour pas penser à toi. C'était très con puisque je suis retombée sur tes cahiers que j'ai précieusement gardé. Un peu comme un trésor. Je crois que je vais les déplacer chez maman. Tu m'en veux pas hein dis ?
C'est juste qu' ils me serrent trop le coeur chaque fois que je les vois en ouvrant le placard.
Tes dessins par contre je les garde là près du lit. Bien au chaud. Parfois même serrés contre mon coeur.
Bon après avoir fait briller l'appart. Je suis allée chez mon psy. J'ai tout fait pour ne pas parler de toi et pour dire des conneries du style que j'allais mieux. Oh oui beaucoup mieux. J'écris à un mort. Et demain je compte aller lui parler sur sa tombe. Belle avancée.
Mon psy lui, il m'a répété de ne pas être en contradiction avec moi même. J'ai pas compris mais j'ai dis OK. il a eu l'air satisfait et il a même souri.
Après ça je suis rentrée. j'avais les yeux un peu brumeux alors je suis rentrée vite pour pas que ça se voit.
Je me suis plongée dans une série en me goifrant de toute sorte de bouffe.
Tu vois les séries au Paradis ? J'en regarde une en ce moment c'est une histoire de clones.
Alors j'ai imaginé ma réaction si je croisais ton clone un jour. Après ça ben j'ai réalisé que mes efforts pour ne pas penser à toi étaient vains. Plus j'essayais de te chasser de mes pensées plus tu étais là.
Une envie d'alcool m'a traversé l'esprit et mes mains se sont mises à trembler.
Voilà la brume revient dans mes yeux de tapette Je pense qu'il est inutile d'essayer de la chasser. Maintenant qu' elle est là. Autant la laisser sortir.
Me voilà une bière à la main. A espérer qu' un clone passe. Ou mieux. Le vrai toi.
Quatre ans sans signe de vie mon gars. J'ai trop mal je stoppe le récit là.
Je vais garder encore un peu tes cahiers. Les placards de maman attendront.
Quatre ans sans signe de vie mon gars. J'ai trop mal je stoppe le récit là...
C'est un putain de bon texte, trop bon pour que je m'en remette, j'en reste sur le cul, ça manque juste d'aération, mais c'est beau, fort, poignant, triste, mélancolique.
· Il y a presque 10 ans ·Aly.
Gorge nouée. Je voulais laisser un truc pour dire que j'ai été secouée loin. Mais en même temps passer en silence . pudique et humble.
· Il y a presque 10 ans ·ellis
çà s'arrête jamais. Et je reste perplexe devant le " Ne soyez pas en contradiction avec vous même ". Il en aurait des trucs à me raconter; ton psy.. Mais les phrases creuses dans ce style, çà me donne pas envie d'aller lui donner des sous..
· Il y a presque 10 ans ·Attention, morbitéhonnête : moi, les cimetières, je trouve que ce sont les lieux les plus paisibles que tu puisses trouver. Pas ceux où tu as quelqu'un. Les autres. Pas un bruit, tout est calme. Celui à côté de chez mes parents longe la forêt et il y a un banc tout au fond, sous les arbres. Tous les étés, j'y allais lire. Maintenant, j'ai mon premier amour et une amie de primaire qui y sont. Forcément, çà perd de sa douceur. Mais j'y retourne de temps en temps. Une caresse aux pierres et un peu de temps sur ce banc là bas tout au fond..
eaurelie