Qui suis-je?

Christophe Hulé

Je suis ce que j'ai été, enfin c'est un raccourci facile, je vois d'ici les moqueurs professionnels brandir les armes, chacun s'occupe comme il peut.

Certains hésitent et me comprennent peut-être.

A ce jeu, on peut tous être gagnant ou perdant, c'est selon.

« Holisme » encore et toujours : le tout est supérieur à la somme des parties.

On pourrait aussi considérer que les parties s'annulent au fil du temps.

Pour se rassurer, traçons une ligne droite pour y poser quelques repères.

C'est bien le summum de l'abstraction, la vie n'est faite que de courbes, sans oublier les chausse-trappes, précipices et autres impasses et retours en arrière.

Bon, mais il faut bien garder le moral.

Je sais au moins que je ne suis pas ce que j'ai rêvé d'être, que le premier etc... me jette la pierre.

Sauf les menteurs ou les miraculés.

Ces rêves sont des milliers de malles dans un grenier poussiéreux, on peut bien les ouvrir au hasard les jours où tout est gris.

Ce lâche, ce héros, la fleur aux dents ou la rage aux ventre, pour des batailles bien dérisoires. Qui n'a pas été révolutionnaire en son temps ?

S'opposer pour être, puis passer à autre chose.

Oui, je sais, les mêmes vous diront qu'il est facile d'accuser les autres le système, ou les désirs refoulés et bla bla bla …

J'aurais pu être un tueur en série, un saint, une ordure ou le Messie.

Incinéré ou entre six planches (et non quatre!), ou réduit en compost pour le bien de la planète, que dire de plus ?

On peut imaginer écouter Mozart et suivre une conférence d'Einstein, en pyjamas de plumes.

La « confiance en soi », ça marche si on traverse le désert, je suis tous les miroirs que les autres m'ont tendus.

Ai-je « grandi » ? Suis-je meilleur ? Qui s'en soucie en fait ?

Et là est la question.

Les pétales tombés se mêlent à la boue et sont foulés au pied.

Signaler ce texte