R.I.P, Lombric.

Anaël Petit

R.I.P, Lombric

J'ai compris la théorie de la relativité en regardant ma poubelle. Elle semble bien remplie au vu de la masse de pots de yaourt vides qui la surplombent… Pourtant je suis certain que je pourrais en ajouter encore un de plus, en équilibre, au-dessus.

Petit déjeuner de jour férié. 13h,  il pleut. Qui pleut ? J’ sais pas mais il me pourrit le réveil.  Je rumine mon bol de céréales en écoutant Trust me crier antisocial, et j’apprécie le paradoxe. Laver ce 9 mètre carré ne serait pas compliqué quand j’y pense... Il suffirait de tendre un bras gauche pour attraper un sac poubelle et d’attraper les ordures avec l’autre bras pour tout foutre dedans.  J’aurais même pas à me lever ! Mais d’abord il faudrait d’abord que je me lave, je me fonds au milieu des déchets, et y’a pas de sac assez grand pour moi. J’veux pas me lever.

Un joli résumé de mes pensées à l’aurore tardive. L’encéphalogramme d’un lombric mort. Je me rappelle soudain qu’il y a des gens qui m’aiment dehors, et que si je veux que ça dure, faudrait pas qu’ils me voient comme ça.

C’est marrant, le reste de céréales au fond de mon bol a tellement durci que c’est lui qui disloque mon éponge. Bach marque ma déchéance. Le miroir en face de moi me rappelle que je suis heureux que mon cerveau soit encore hors service, faire une abstraction sur mon cas me ferait peur.

Comble des cités : tout ce qui est propre parait sale, et tout ce qui parait propre est sale. Inutile de chercher à garder des vêtements secs dans la douche, autant prospecter dans les égouts. Je ne m’en plains pas vraiment, je ne suis ici que pour en partir, comme tout le monde.

Mon sourire se lève bien après moi, je vais encore commencer la journée sans lui. Goldman me dit que c’est encore un matin, il a pas tort ce con. Allez je vais dehors, je dois vous dire Bonjour. Après tout je finis toujours par y croire, et j’espère que vous aussi…

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, il faut croire que je cours après le passé.

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