Lumière sur une relation empoisonnée.

Notre amitié remonte à presque deux ans maintenant.

Te souviens-tu de ce que les gens racontaient sur toi, au départ ? Rappelle-toi. D'après eux, tu étais une petite mythomane. D'après eux, tu racontais sans cesse des salades, tu te mettais en avant dans un rôle de victime à consoler. Et moi, je suis passée outre. Les gens qui liront ces lignes se diront surement que j'ai été une grande naïve. Les plus grosses rumeurs ont souvent un fond de vérité. Mais je m'en fichais. On s'entendait bien, toutes les deux. Et puis, j'avais l'impression que tu avais besoin de moi. Tu venais de perdre ta tante, et moi, j'ai toujours été parfaite dans le rôle de la fille qui écoute les problèmes des autres.
Et on est devenues réellement amies.

T'étais une de ces filles un peu hystérique, mais tellement adorable. Je me suis rapidement attachée à toi.

Une époque quelque peu noire est ensuite arrivée. Tu étais tout le temps triste, tes si beaux yeux verts toujours noyés par les larmes. Tu ne rigolais plus, tu ne me mangeais plus, tu ne parlais presque plus.
Ta meilleure amie, atteinte de la mucoviscidose. C'est tombé, comme ça. T'y étais pas préparée, je le sais. Et c'est là que tout a commencé à merder.

Un jour, t'es arrivée, comme tout les matins, au lycée. Tu m'as dit qu'il fallait que tu me parles, que c'était important.
On s'est retrouvée toutes les deux, et tu m'as raconté que tu n'allais pas bien  en ce moment, que ta santé chutait et que tu allais louper des cours pour passer des examens.

Le lendemain, je me retrouvais seule. Je pensais à toi, face à ces médecins, qui étaient surement en train de te dire ce que tu avais, de quoi tu souffrais.

Une semaine plus tard, tu me lâchais ta petite bombe.
« Il ne m'ont diagnostiqué plus qu'un an à vivre. »
J'étais anéantie. Pour moi, ces trucs-là, ça n'arrivait que dans les films. Une de tes plus proches amies ne viendra pas te voir pour t'annoncer qu'il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Et bien si. Tu étais là, face à moi, et tu me regardais d'un air de pitié.
Un an. Douze mois. Trois-cent soixante-cinq jours. C'était si peu, dans mon esprit.

Et c'est là que les doutes sont arrivés. Tu me racontais tellement de choses qui ne collait pas entre elles. Tu faisais des choses que tu n'auraient pas dû faire, si tu étais réellement malade.
J'ai alors repensé aux rumeurs du début d'année.
Mais je ne pouvais pas y croire. Tu ne pouvais pas, réellement, être mythomane. Tu n'aurais quand même pas pu me mentir sur quelque chose d'aussi gros. Sérieusement.

Et un an et demi plus tard, j'écris ces lignes. Tu es là, toujours vivante. En pleine forme. Et devenue une fille que je ne reconnais plus.
Notre amitié s'est filée depuis quelques temps. J'ai fait les efforts qu'il fallait pour la maintenir à flots. J'ai été là à chaque fois que tu as eu besoin de moi. Mais toi, où étais-tu pour moi ?

La rentrée prochaine, tu ne seras pas là. Nouveau lycée pour toi.
Quelque part, je suis contente que tu t'en ailles. C'est fini, le temps où j'étais gentille. Tu connais le proverbe : trop bonne, trop conne.

Je terminerais ces quelques lignes en te disant merci.
Merci d'avoir permis notre rencontre et merci d'avoir agis comme tu l'as fait. Car maintenant, je saurais à quoi m'attendre et j'écouterais peut-être plus ce que l'on raconte.
J'espère que tu changeras.