Rencontre fantasmée

Ivan Caullychurn

L'imaginaire est l'amant de la réalité.

Veja aux pieds, votre jean troué révèle votre peau et des interstices de vos jambes. C'est sexy quand même ça. Cette partie de peau que beaucoup de mecs aimeraient découvrir en vous déshabillant, amoureusement ou sauvagement, pour que leurs mains, réceptrices de réponses émotionnelles et transmetteuses de désir personnel, de fantasmes tendres ou crus, touchent, caressent ces intimités, ces réservés aux légitimes, aux validés.

Envie d'y promener mes doigts, que l'empreinte de mon index brise cette barrière sociale qui délimite et sépare deux inconnus. Envie de vous lécher ces mises à nu, de passer ma langue pour sentir le goût de votre peau et la teneur de votre interdit, la ténacité de vos principes. Ces parties dénudées que d'autres ont chéri, ont aimé, ont désiré et que tant d'autres veulent rendre leur, possession, assouvissement de fantasme. On y est, assouvissement de fantasme.

Si je remonte c'est votre haut et votre léger décolleté qui nourrissent mes désirs naissants. Envie de poser mon regard des heures durant sur votre décolleté. Place tant désirée, lieu où naissent toutes les envies de déviances sexuelles. Envie de passer ma main droite sous votre tee-shirt, envie de frôler, toucher puis saisir vos petits seins, tirer votre soutien-gorge vers le bas pour dévoiler vos tétons et que mes lèvres les mouillent et que ma langue vous fasse frémir. Le galbe de vos seins me rend fou. Je veux être derrière vous, vous plaquer contre moi, mon torse, pour que mes mains saisissent vos seins, pour que mon sexe se colle à vos fesses et que ma bouche se glisse dans la moiteur de votre nuque. C'est ainsi que vous m'appartenez, que je vous sens, vous et votre respiration, vous et vos formes, vous et votre odeur, vos mouvements de bassin ; c'est ainsi que ma bouche attrape la commissure gauche de vos lèvres et que ma langue, allumeuse, vient titiller la vôtre, excitée et désireuse.

Je rêve d'entendre le son de vos gémissements. Légers, aigus, langoureux, ces petits décibels m'inviteront à continuer et à vous posséder plus encore. Vous avez fait ressortir vos yeux avec du eyeliner. Regard plus perçant, plus directif, plus autoritaire. J'imagine que sexuellement vous vous connaissez, vous vous assumez. Et ça, c'est excitant aussi. Je rêve, toujours derrière vous, de vous faire basculer vers l'avant et de vous prendre, vous pénétrer et vous entendre gémir encore plus fort pendant que je profite de vos formes, de votre peau, de votre don de vous. J'imagine être si bien en vous. Ce serait doux puis brutal, plus tempéré puis saccadé, endurant, animal pour finir par jouir en vous pendant que vous vous cabrez, m'ayant senti venir. Nous reprenons nos places dans le train après un long regard de connivence, d'affection, respectueux, aimant.

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