Rendez l'espoir (à ceux qui l'ont perdu)

A la mère patrie tournée le dos
Et sur la mer partir à bord d’un radeau
L’eldorado se trouve de l’autre coté de l’océan
Alors ce soir je pars en conquérant
Comme un conquistador je rêve de conquérir de l’espace et de l’or
Une vie faite de joie et d’abondance, une vie indolore
Car ici l’on subit encore le poids d’une rupture coloniale au rabais
Regarde, « les valets locaux » ont fait de l’Afrique un cimetière de rêves, de ma tête un cimetière de projets
Sous les errances politiques d’une soi-disant élite locale qui n’a d’yeux que pour le fauteuil, le portefeuille présidentiel
De leur part faut pas s’attendre à un geste providentiel, car ils ont vendu leur âme au plus offrant, bradé les richesses du continent
Ici tout ce qui émane de la manne pétrolière atterrit dans des banques étrangères
C’est donc à l’étranger que j’irai prendre ma part
L’attitude est légitime, elle n’est pas outrancière
Malgré le FMI, La banque mondiale et leur système d’aide conditionnée
Dans nos taudis y a toujours pas de système d’air conditionné
Alors faut pas trop m’en vouloir si dès ce soir je me tire par le couloir
Je ne suis qu’un naufragé parmi tant d’autres en quête d’un asile économique
Dure de vivre avec cette condition qui me déchire entre amour pour l’Afrique et besoin pour le fric
Toujours le poids de la finance et ses intrigues qui nous étriquent
Toute ma vie j’ai été patient, le changement n’est toujours pas patent
Alors pour une randonnée vers de nouvelles contrées je suis partant

Et ma prochaine destination, c’est là où le vent me mène
Même si trop souvent c’est juste jusqu’où notre souffle nous mène
Des gestes de dépit, voilà ce vers quoi mes souffrances mes mènent
Alors rendez l’espoir à ceux qui l’ont perdu
Pourquoi dans nos contrées la fracture sociale perdure
Pourquoi les trajectoires des nôtres épousent des tragédies…

Et ce soir je pars par la mère
L’aventure me prendra par la main
Et si d’aventure les vents me sont favorables
Je reviendrai par les airs, pas en charter mais de la manière la plus honorable
Y’en a marre de donner mon avis
Désormais je n’écoute que mon envie de fuir
La spirale de l’exil m’enroule dans ses spires
Destination la terre de l’oncle Sam, Paname ou le pays de Shakespeare
J’aspire au paradis que représentent les champs Elysées
C’est ce sur quoi leurs médias m’ont évangélisé
Scandales humanitaires, scandales alimentaires
Telles sont les clichés de l’Afrique ma terre mère
Alors j’ai mis le cap sur l’outre-mer
Je sais que mon périple risque d’être écourté par l’outre-tombe
Donc il va falloir s’armer d’audace pour vaincre le mal de mer, et ensuite le manque de mère
Dans mon portefeuille ya plus un seul billet de banque
Juste une vieille photo familiale pour combler cette absence filiale
Ça fait si mal, c’est pas de gaieté de cœur qu’on se fait la malle
On rêve de revenir avec du diamant dans nos malles
Et rendre nos dames si fières de leur mâle
Si tu te demandes pourquoi tout cet acharnement,
C’est désespérément que je cherche un dénouement à mon dénuement
Ici ya plus de place pour les diplômes sur le curriculum de ceux qui chôment
Alors on improvise en informel et on s’y atèle 
Malgré le dur labeur de son seau marque nos paumes
Dans nos administrations le lien de filiation fait office de critère de sélection
Pas de chance pour moi, j’ai aucune affinité avec aucune autorité
Alors, que rien ne m’entrave
Je suis prêt à défier les barbelés de leurs enclaves
Si je le fait, c’est pas pour le simple goût du risque
Car je sais le coût du risque
C’est comme partir en guerre sans arme, je sais je risque mon âme
Mais c’est décidé, dès ce soir je mets les voiles

Et ma prochaine destination, c’est là où le vent me mène
Même si trop souvent c’est juste jusqu’où notre souffle nous mène
Des gestes de dépit, voilà ce vers quoi mes souffrances mes mènent
Alors rendez l’espoir à ceux qui l’ont perdu
Pourquoi dans nos contrées la fracture sociale perdure
Pourquoi les trajectoires des nôtres épousent des tragédies…