Réparer les vivants

poulpita


Certains auteurs vous touchent plus que d'autres. Certains thèmes vous bousculent plus que d'autres. Réparer les vivants de Maylis de Kerangal réussit cette double prouesse et figure désormais dans les chefs d'oeuvre de ma bibliothèque. Qu'en dire... Maylis de Kerangal tisse son sujet, avec un style dense, elle vous fait toucher du doigt et du coeur ce que ses personnages traversent. Un style qui ne vous laisse pas une minute regarder ailleurs. Maylis de Kerangal s'attaque au don d'organes. Un sujet difficile, tabou, qui démange, en appelle à nos démons, à nos croyances. Point de cliché ici, rien qui n'use la corde sensible et facile du lecteur. Juste un regard intelligent, chargé d'histoire et de sens sur les vagues successives que subissent les personnages entourant un corps de donneur, des parents aux chirurgiens. Bien fort celui qui résistera sans ciller à ces immenses moments d'humanité. Une mère qui annonce la mort de son enfant à un père silencieux, provoquant ainsi l'éclat de leur monde. Un chirurgien qui fait valser scalpel, pinces, gants, et duquel surgit un geste bouleversant, sur ce corps inanimé et donnant. Les questionnements intenses d'une receveuse de cœur, terrassée à l'idée de ne pouvoir jamais dire merci au donneur...Un livre immense, beau. On s'y rappelle nos fragilités de mortels, et le goût délicieux de nos instants de vivants.

A lire tranquillement : "Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal, Collection Verticales, Gallimard, Parution : 02-01-2014

  • L'indispensable don d'organes, il est vrai quand on perd un être cher, cela n'est pas forcément évident !!!

    · Il y a presque 10 ans ·
    W

    marielesmots

  • je suis très touchée par ton texte, car j'ai eu une amie qui a reçu un cœur, et qui l'a regretté toute sa vie après. A la fin, elle s'est carrément suicidé, en arrêtant tous ses médicaments pour être sure de mourir. Cela a duré plusieurs mois, et a été terrible. En fait elle était devenu aveugle et ne pouvait l'accepter. elle avait payé son enterrement étant seule, et j'ai été à la messe en son honneur, avec le sentiment d'une grande sérénité, qu'elle devait être heureuse là où elle était.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

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