Résilience

J'ignorais donc hélas que passion est prison,
Que ses yeux de Chimène emportaient ma raison.
On ne peut oublier ce que l'on porte en soi...
A tout prix, à Paris, contrôler son émoi!

Le moment se rapproche d'une probable entrevue;
De croiser ces yeux noirs, qui ne me voient donc plus.
Je marche, idiot bien droit, dans cette vie sans heurt;
Plus de haut, plus de bas, exit toute couleur.

Je ne suis plus, oh non! cet amoureux transi;
Reste un pauvre homme blessé et son âme noircie.
La douleur n'est pas vive, le temps l'a repassée;
Mais elle est là présente, et chaque jour oublier !

Même si je l'ai perdue, cette muse qui s'ignore,
Chaque soir, harassé, avec elle je m'endors,
Nos amours interdits, nos folles chevauchées
Ces jeux de mots idiots, ces poèmes (d)ébauchés.

Tout ce qui n'est pas dit, n'existerait donc pas,
Et tout ce qui l'a été, demeure donc là !
Il est simple d'être loin, j'appréhende ce futur;
Te retrouver ici, reconnaître ton allure !

Cœur à cœur, peau à peau, voila bien ma folie;
Car lorsque l'on se donne, on peut bien être pris!
Il est de folles ivresses, dont on ne revient pas;
Tout faire pour t'oublier, mais tu es toujours là.

Remettre les barrières patiemment abattues ?
Comment dissiper l'ombre, quand l'on s'est mis à nu ?
Accepter mon malheur, ce sera bien le mien…
Tuer l'ambiguïté...un mal pour un bien ?

Croire que ton espoir fou a fait naitre le bonheur !
Que ce bel Apollon a bien touché ton cœur!
Et alors accepter de garder la raison,
S'acharner sans relâche à noyer la passion.