Restes d'une langue électrique

rechab


Au sommet d'immeubles,
Les lettres s'échappent, s'agitent.
Certaines se précipitent, se mêlent
finissent par retrouver leur ordre.
En néons verts se disputant aux rouges.

Ce sont les façades voisines qui assistent à leur course.
Balbutiant leur clignotement.
Deux lettres, presque au milieu du mot,
lassées , vibrent d'une lumière déteinte,
maladive, à leur base.

Personne ne songe à les remplacer.
Leur message n'est sans doute pas indispensable,
c'est sans doute un reste de langue électrique,
qui peut ne s'exprimer
que par onomatopées :

il peut s'échapper des syllabes,
cela n'a que peu d'importance,
Une partie du paysage urbain,
s'activant dès que le soir
commence à épaissir le ciel.

De l'endroit où je l'observe,
l'enseigne se voit à l'envers.
J'ai le vague souvenir d'un film, de gens sur les toits,
poursuivis par d'autres, et la lumière émise,
les cachant plus qu'elle ne les révèle .

J'imagine les passants
gardant autour de leur corps
une auréole de néon,
alternativement verte et rouge,
qu'ils emporteraient avec eux.

Mais l'arrivée du bus me ramène sur terre.
Je monte dedans.
Avec l'avenue empruntée,
je devrais pouvoir lire l'enseigne à l'endroit,
quand il aura fait le tour du rond-point.

Mais un rideau d'arbres
aux feuilles encore denses s'interpose.
Décidément cela ne me semble pas destiné,
pas plus qu'à mes voisins,
le regard absent, pressés de rentrer chez eux, sans doute.

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RC

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