Rêve de plage, plage de vie.

Valérie Beauvois

Chaque année, à cette période, la presse s'empresse de nous presser à quitter la ville et son stress pour partir nous détendre à la plage. Sauf que moi, la plage, ça ne me détend pas, ça m'oppresse ! La preuve en dix mots.


1. SABLE : conglomérat mouvant, composé d'une quantité pharaonique de grains plus ou moins gros qui ont eu la bonne idée de se regrouper pour… discuter du meilleur endroit à investir ? Ils choisissent souvent le bord de mer. Un petit coin de paradis… fiscal, s'ils ont décidé d'investir un max. Existe en blanc et en noir.


2. GRAIN : partie infinitésimale de la plage. Le grain peut facilement s'isoler des autres et devient, tout à coup, un souci inversement proportionnel à sa taille. Collé à l'œil, il peut devenir gênant, voire insupportable. C'est là que l'expression : « un grain de sable dans l'engrenage » prend tout son sens.


3. SURÉQUIPÉS : humains (quoique…) qui se déplacent toujours en nombre. Bouées, boissons, raquettes, serviettes… Tout ce qu'ils traînent avec eux se démultiplie à l'infini. Surtout les bières bien fraîches qui font rager les autres humains qui voyagent léger et qui cuisent en plein cagnard… « Putain, fait soif ! Salauds de suréquipés ! ».


4. CRÈME SOLAIRE : on la reconnaît tout de suite dès l'application : si on est encore plus blancs une fois appliquée, c'est qu'elle est vraiment efficace. Si on reste encore blancs après trois jours d'exposition, c'est qu'elle est vraiment très très efficace… C'est aussi pour cette raison qu'on l'abandonne au bout de huit jours pour enfin prendre des couleurs (voir le mot « COULEUR ») avant de repartir deux jours plus tard… un peu moins blancs que blanc.


5. COULEUR : s'utilise uniquement au pluriel dans l'expression : « prendre des couleurs ». En général, c'est le rouge, la couleur phare/fard.


6. ROULEAU : force de la nature qui ne fera de vous qu'une triste baleine échouée au bord de l'eau, le maillot rempli de sable, une fois qu'il vous aura bien baladé au large et recraché sur le rivage : le rouleau ne supporte pas la chair humaine mais il essaie d'y goûter à chaque fois… Indigestion assurée. La nature vomirait-elle l'homme ?

 

7. MÉDUSE : animal très attachant qui, comme nous, aime les eaux chaudes. A donné son nom à un style de chaussures en plastique transparent que je refuse absolument de porter : non seulement c'est laid mais en plus j'ai l'impression de glisser mon pied dans le ventre d'une de ces bêtes… de mode.

 

8. BOMBE : humaine (quoique…) qui a tous les attributs que vous n'avez pas : les seins, les fesses, le bronzage, le maillot… jusqu'au sourire, car même si le vôtre est franchement pas mal, c'est sûr qu'en la voyant, vous le perdez tout de suite… Contrairement à l'homme qui partage votre vie : c'est une règle physique, vous n'y pouvez rien. C'est à ce moment précis que la bombe se transforme en bombasse : c'est une règle de grammaire, vous n'y pouvez rien.

 

9. MAILLOT : ami pour la vie des belles surfeuses, il est l'ennemi juré de toute femme normalement constituée. Il nous a fallu des semaines avant de le trouver, des heures pour être sûre d'avoir choisi LE bon modèle… et une demi-seconde pour le détester quand on le voit sur la BOMBE du précédent paragraphe… Pardon, je viens de faire une faute de grammaire : la BOMBASSE.

 

10. COUPS : le soleil cogne et il distribue des coups. Le terme n'est pas excessif. Finalement, le bronzage est une activité masochiste : qui accepterait de se prendre des coups comme ça dans la vraie vie, sans rien dire et en y revenant dès le lendemain, le sourire aux lèvres ?


Alors, c'est décidé, cette année je pars à la montagne… Vous me direz, les grands espaces et les sommets, ça m'angoisse… J'ai oublié un truc : j'ai le vertige… vous croyez que c'est un problème ?

 

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