Revue du film "Ginger and Rosa" (2013)

            Un bon petit film anglais, peut-être plus destiné à la télévision qu'au cinéma, sur l'éternel thème des premiers émois adolescents. Avec cette fois une variante majeure, Ginger est surtout précoccupée par la situation politique mondiale (on est en 1962, avec la crise des missiles de Cuba) et Rosa fait un choix curieux pour sa première aventure sérieuse, le père de Ginger !

            Le père de Ginger est un mec libre, cool, il ne veut pas qu'on l'appelle "Papa" mais "Roland". Roland est trop indépendant pour se laisser endormir par les pièges bourgeois du mariage, alors il quitte la mère de Ginger, jouée par Christina Hendricks, la chef des secrétaires rousse dans Mad Men. C'est moi Roland, je laisse tomber la femme la plus pulpeuse du monde pour une petite ado aguicheuse que j'emmène sur mon voilier (symbole de liberté, tu comprends...) et ça me défrise pas que ma fille soit dans la chambre d'à côté, à entendre les ébats de son ex-meilleure amie avec son père, enfin son "Roland". Ça finira très mal, forcément, mais le film s'arrête avant, de façon un peu abrupte.

            Un film imparfait et qui a des longueurs sans doute, mais tout de même attachant. Le principal problème est que Sally Potter, la réalisatrice, semble raconter son adolescence, de manière trop intimiste et sans parvenir à donner à ses personnages une dimension universelle. Même Ginger, la poétesse et militante pacifiste, très bien interprétée par Elle Fanning, manque un peu de spécificité. Quand même, un petit film british, c'est toujours bien agréable entre un blockbuster américain et un navet français prétentieux.