Rien

franekbalboa

"T'as envie de faire quoi ? 

-Rien. Et toi ? 

-Tu vas rire... 

-Non... 

-Si, tu vas te moquer, je le sais. 

-Je t'assure que non... 

-J'ai envie qu'on s'évade. Qu'on s'enfuie ensemble. J'ai envie d'aller dans des endroits que je n'ai jamais visités. De faire des choses avec toi, qu'on rie ensemble, j'ai envie de ne rien faire avec toi, de tout faire avec toi. J'ai envie de m'allonger, me reposer, et que tu sois là, juste là. J'ai envie que tu me murmures des âneries en passant la main dans mes cheveux, je veux sentir ton souffle dans mon cou, ton parfum chatouiller mes narines, la caresse de ta peau contre la mienne, tes petits doigts qui me gratouilleraient, nos jambes enlacées, à parler de tout, de rien, t'entendre rire, te regarder, t'admirer... Je veux faire ça pendant des heures. Peut-être même ne pas m'arrêter. On pensera plus à rien. Peut-être un peu à nous, mais on sera bien, on profitera du silence, de notre présence, de la présence de l'autre. J'ai envie de sentir ta poitrine se soulever alors que ma tête se pose dessus, entendre le sifflement de ton souffle, ta main qui passe dans mon dos, sentir ce frisson qui me parcoure l'échine, je veux t'avoir pour moi, je veux t'embrasser, t'apaiser, toi qui est toujours dans la retenue, toi qui prends toujours soin des autres et jamais de toi, je veux prendre soin de toi, de ton corps fatigué, de ton âme en or, et ton cœur gelé, je veux t'offrir ce que personne n'aurait jamais voulu t'offrir, et je veux que ce soit toi qui me tienne la main.

-...

-Tu n'as pas ri. 

-Non, j'ai pleuré. 

-Pleuré ? Où sont les larmes?

-Là."

Le doigt est pointé en direction de la poitrine un peu vers la gauche, près du sternum. 

Une autre main vient, elle prend la première, glisse ses doigts au milieu des autres, un bras attrape le torse, un baiser est déposé dans le cou, une larme, unique, coule sur un visage, un baiser sur le front, puis les deux corps s'enserrent... Après un long moment de silence, un doigt est pointé vers le fauteuil:

"C'est exactement ce que j'avais à l'esprit."

Un sourire gêné, un autre baiser, les deux acteurs de ce jeu s'installent et s'enlacent, encore et encore, finissant par oublier la notion même du temps... 

Ils s'aiment. 

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