Rimes à rien (4)

fionavanessa

voir Rimes à rien, 1 à 3, déjà publiées.

Ce n'est rien de le dire,

Elles  ne riment à rien,

Mes salades !

quelques tournures adverbiales restées en rade

dans mon cervelet, en marinade.

Des fadaises en pagaille jusqu'à pas d'heure.

Avant qu'elles ne quittent les marges de mon cahier broché,

et ne vadrouillent tous azimuts,

pour porter l'estocade à un fade badaud venu se dégourdir la dragée,

et quelque oreille agacée décourager.

 

Laissez-moi baragouiner ma dédicace

à un fin limier dont l'audace me frappa.

S'il vous plaît, ne me reprochez pas

De ne rimer à rien

De tourner à vide

Mes mots volages se heurtent déjà assez et s'entrechoquent,

Sans savoir ce que d'eux-mêmes il adviendra.

Je préfère ne rimer à rien que dire amen à tout.

Evitons de radoter

Car me voilà condamnée, d'avance merci, à piocher

Dans un tas de verbiages en dédale

Didascalies absconses

Onomatopées désopilantes

Fringale de métaphores

Ingrats oxymorons,

Et conjonctions débridées de leur fonction

Dénominations peu communes et frondeuses

Hé quoi ? ne puis-je abonder en litanies

Sans débiter d'adéquates âneries

De leitmotives ad vitam aeternam

Et telle le cerf qui brâme

Désarçonner mon adversaire

Gros-jean devant l'embarcadère

Le rouler dans la panure de dorures surannées et adroites

Pour esquiver son direct

Son accolade coup de poignard

Et enfin  cueillir mon adoré ?

J'enverrais toute l'Odyssée mordre la poussière

Balancerais toute l'Iliade

Par addiction à ses baisers.

 

Plutôt embrasser Judas

Que renoncer à quelques peccadilles bigarrées

De rimes arrimées à rien

Plutôt canarder l'onde de hallebardes

Jeter ça et là quelques termes désordonnés et radoucis

Que s'embrigader amis-amis

Dans aucune assonance dictée par la hiérarchie

Dans aucune phrase en miroir d'une autre

Car pour les intrépides ça barde

Appréhendés à Scotland Yard

Pour des rimes douteuses

Mis en abyme pour une rime redoutable

Mis à pied puis remis à l'eau

Pour un mauvais pli

Dans la mise en plis

A ne décacheter qu'en dernière extrémité.

Mieux vaut être une blonde lisse et gantée

Qu'un fidèle limier au cœur en hardes

Avec des nerfs d'acier

La donzelle a du cran pour lacer son corset

au bord de l'anarchie téléguidée

Mieux vaut être bradée à tout prix

Que Cupidon dépossédé de ses passe-droits

Qu'une passade bien vendue,

Qu'un dada poussé à la cavalcade,

Qu'une rime galvaudée dans un océan de vanité.

Même si Hermès tique à mon esthétique hermétique,

je préfère être doublement assoiffée

Que mon cœur soit troublé

Et percé de mille mots acérés

N'avoir ni sommeil ni songe

ne rien

peser

dans la balance

n'être pas là

n'être qu'Ondine délicatement désertée

Une Jeanne de plus brûlée dans l'urgence

Un animal atterré

Devant toute la versatilité

Désolée

et

glaçante

n'être qu'une gargouille dégingandée

au sourire guindé

par l'érosion et les éboulis

n'être qu'ombre sous ta paupière

et disparaître comme je suis venue

Tirant ton portrait sur ma rétine

La mine

en

cendres

mine de rien

arrimée à mon ciboulot

en citronnade

à force de penser

à mes vertèbres en tour de Pise

qui font le dos rond

à force d'intempéries

les rimes à rien ne riment à rien

c'est ma pitance d'été

mon pain noir mon pis-aller

 

D'une traite va le fil

entre arlequinades et candeur

entre bourrades et douleur

se tresse le lien

pressant mes muscles froissés

aux tiens.

 

Pour sortir du labyrinthe,

dégainer et s'escrimer,

débroussailler

et faire le vide

se défaire,

se taire,

se dédire,

s'additionner à la cantonade,

revenir en Panurgie,

braver la corde raide

d'une vie

d'oubli.

 

Entre cendres et braises,

c'est moi

le dindon

en débandade

la dinde

plumée

jusqu'à l'os,

débitrice déshydratée devant la supercherie

mâchoire disloquée à force de te bader

au nez et à la barbe d'une charade.

Mon premier est  une barricade

dressée entre mon deuxième et mon dernier.

Mon deuxième caracole après un sentier oublié.

Mon  tout badine

Avec un cœur percé

à jour,

percé à moitié,

l'altitude l'a mis mal à l'aise

il s'est trouvé rationné

en air

l'air de rien

un air saupoudré de toi

à peine un nuage de poudre

mon cœur cassonade

sucrant les fraises

de ton malaise

laissant un goût de mer démontée

de l'amer dans mon thé

laissant mon cœur indexé

mon cœur au cou duquel me pendre

dans mon élan me prendre

les pieds

dans le ratelier

dans le rateau

dans la ratière

et prendre un coup de pied au derrière

de la part de la crémière

par-dessus le marché

Alors

voilà que mes rimes déraillent

mes rimes ne riment à rien qui vaille

pas un détour

pas un regard

pas un battement de cil

Mes rimes ont longé

le bord du possible

ont rallongé la promenade

de quelques coudées

et s'en sont allées.

  • J'aime beaucoup tes mots en cascade, le rythme, la liberté des vers qui donne un tourbillon de sensations et d'émotions. Superbe

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Ade wlw  7x7

    ade

  • Utiliser les règles de la poésie classique, c'est parfois explorer consciemment ce qui a fait le génie de notre langue en observant et découvrant la complexité des règles, leur incroyable exigence pour la beauté de tel résultat. Ce n'est pas moins arrogant que de s'en défier par mépris, surtout si l'intention de base est la recherche d'une expérience et non celle d'une perfection.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Th

    terosse

    • Vous devez être bien malheureuse dans ce cas de lire toutes ces bouses qui se prétendent poésie et qui inondent le site. Moi, je te félicite Fiona. Je suis totalement hermétique à la poésie et je suis bien indifférent aux règles qui la définissent. Qu'importe, j'ai tout lu et aimé et c'est là l'essentiel. Je vais de ce pas attaquer les rimes aryennes.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

    • Il y a des beautés sur e site. Mes poèmes n'en font pas parti, hélas. Mais je pense juste qu'il ne faut pas considérer l'usage des règles classiques comme un acte de soumission. C'est parfois une volonté de découvrir et de comprendre. Moi c'est mon cas. Je donne des cours de français alors qu'à la base, j'enseignai l'anglais, et étudier la poésie m'a fait redécouvrir certaines de ses règles. J'ai réécrit mes poèmes en essayant de les suivre et je vois la différence au niveau de la sonorité et l'esthétique, et l'incroyable difficulté de rester dans une démarche artistique sous ce régime, car il faut être génial pour réussir à émouvoir en suivant ces règles.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Th

      terosse

    • Je vous souhaite des efforts fructueux pour vos écrits. Ne croyez pas que j'ignore ni n'apprécie la poésie française, et outremanche d'ailleurs aussi. Il existe plusieurs genres, et écrire en vers libre n'a pas pour but de dénigrer quoi que ce soit. Mon but est simplement d'écrire ce qui pour moi, fait sens. Ne vous en déplaise. Aucune gravité si vos aspirations diffèrent des miennes. Il y a de la place pour chacun sans tomber sur son voisin parce qu'il présente des différences.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Mai2017 223

      fionavanessa

    • Je ne comprends plus. J'ai l'impression que l'auteur de cet écrit était une autre personne. Je ne vous accuse pas d'ignorer ou de dénigrer quoique ce soit, et je ne saurai sûrement jamais écrire comme vous. Je demande juste de ne pas considérer ceux qui emploient les rimes ou autres règles que je ne connais pas, comme des gens empreints de perfectionnisme arrogant. C'est ce que j'ai cru comprendre à certains moments à la lecture de ce poème. Je m'excuse si je me suis trompé.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Th

      terosse

    • Oui, je vois. J'ai cru que l'auteur de ce poème était une personne qui avait répondu à un de mes commentaires sur un autre poème. C'est son image et son nom que j'avais en tête quand j'ai écrit mon commentaire.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Th

      terosse

    • VOUS voyez, c'est un malentendu. On ne se connaît pas, cela arrive. La seule dont je me moque parfois, c'est moi.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Mai2017 223

      fionavanessa

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