RIZIK
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Notre groupe entre dans le restaurant. Trois heures de visite sur le site de Petra ouvrirait l’appétit de n’importe qui. On s’attable, poussiéreux et suant, attendant fébrilement le top départ d’un des convives pour se ruer vers les entrées froides, les plats chauds et les desserts industriels. Tiens, ça a l’air bon ça ! Ah non ! Les crudités, vaut mieux éviter dans ces pays-là ! Mon cœur balance entre la gelée fluo et le gâteau rose fuchsia, quand je les aperçois au fond de la salle. La famille de Rizik au grand complet. Une mafia israélo-palestinienne qui colonise le bar de l’hôtel, tous les jours à partir de 10h30 : fin de service du petit déjeuner. Je dois aller les saluer. Je suis leur future belle-fille, après tout! « Hello ! How are you? Fine, fine, thank you! I just come back from Petra. Is Rizik with you? » Je me retourne et le vois descendre les escaliers, sa croix de Malte autours du cou et ses cheveux noirs et bouclés attachés en catogan. Un sourire, un signe de la main et puis il sort. Quoi ? C’est tout ? Quatre nuits passées ensemble pour ça ?
Je regagne ma table, dépitée. Plus d’appétit tout à coup. Je me lève brutalement. Je cours dans les couloirs et pousse la porte de sortie. Dehors, un immense parc, des pelouses verdoyantes remplies de jeunes badinant par petits groupes. Rizik doit être ici. Je scrute, le regard en alerte derrière mes Ray Ban. Ah ! Un mec aux cheveux noirs là-bas, sous les arbres ! C’est lui ! « Rizik ! Rizik ! Hi ! » Un garçon aux cheveux noirs et bouclés, d’ailleurs tout à fait charmant, se retourne vers moi. Mais ce n’est pas lui. Je continue, pressant le pas. « Hi ! ». Non plus. « Oh ! God ! I found you ! » Et non. Encore. Celui-ci a des lunettes… A croire que tous les garçons à toison brune ce sont donnés rendez-vous ici. Je continue, je ne désespère pas. Il doit être par ici, derrière un bosquet. Je cours.
Il fait jour. Le lit est chaud et confortable. Je me retourne du côté gauche. Il est là. Lui, est là. Ce n’était qu’un rêve. Rizik n’est plus là.