Road trip vers Sydney

Fiona Hauberdon

L'adrénaline, ce pourquoi je vivais, ce pourquoi j'avais pris la direction de Sydney. Cette route s'annonçait longue et, curieusement, il ne me tardait pas d'arriver.

Nous marchions depuis un bon moment au beau milieu de cette longue route vide de voitures, vide de gens, vide d'air, entièrement vide. Il n'y avait que nous. Nous étions seuls, nos corps comme seuls témoins, étaient brûlants. Le soleil nous tapait sur la tête au tel point qu'il me venait parfois des hallucination, des bouffées de chaleur, d'angoisse, d'envie. Mon short déchiré, tâché d'engrais, mes cheveux sales et la sueur sur mon visage, ne me mettaient pas vraiment en avant. Seul le soutien gorge qui soutenait ma poitrine, puisque mon tee shirt servait à arrêter l'hémorragie de ma chambre, me rendait désireuse, limite sauvage. Nous avions laissé la moto sur le bord de la route, elle ne nous servait plus à rien, les freins avaient lâchés dans l'accident et le moteur ne tournait plus. Nous étions seuls et pourtant, je me sentais comme prise par la foule. John marchait plus loin devant moi, encore sur les nerfs d'avoir abandonné sa moto. Ne vous méprenez pas, nous ne nous connaissions pas d'avant, lui et moi. Lui, m'avait trouvé sur la route faisant du stop et marchant vers Sydney, et moi je l'avais vu sur sa moto, s'arrêter à côté de moi et me proposer de me déposer. J'avais accepté, d'où ma présence maintenant à ses côtés. Je m'arrêta un instant et observa l'horizon et le soleil qui se couchait sous des montagnes orangées. L'Australie est vraiment une terre magnifique, me surpris-je à penser. "Il faut qu'on arrive avant la tombée de la nuit, c'est un soir de pleine lune, il fera donc plus frais et tu n'es pas habillé chaudement" il me dis en se retournant vers moi. Je leva un sourcil désapprobateur et passa ma main dans une mèche de cheveux qui me tombaient dans les yeux. Sans rien dire, je m'approcha de lui et une fois en face, j'ouvris la bouche. "Parce que si nous restions ici tu aurais peur de ce qu'il pourrait se passer" lui lançais-je tel un ultimatum. "Non, je.." "Ce n'était pas une question" le coupais-je sèchement en plaçant ma main sur son torse. Nous nous regardâmes en chien de chasse attendant que l'autre face un pas décisif, tel un animal en fuite attendant le coup de feu du chasseur, planqué dans un buisson. Nous étions toujours en plein milieu de la route, et même si aucune voiture ne s'était pointé depuis une heure, il était tout à fait probable qu'il y en est qui arrivent d'un instant à l'autre. Et ce qui était le plus excitant, c'est ce qui me plaisait le plus, l'adrénaline, le goût du risque. Je regarda John et il me dit "Je ne connais même pas ton prénom." "Et alors?" je demanda. Il se dégagea de mon emprise, mais réactive, j'attrapa son poignet avant qu'il ne fasse demi tour. "Anna" lui dis je sèchement. "Mon nom est Anna." John se pencha alors vers moi, ses mains plaquées sur mon visage, et m'embrassa. Nous nous allongeâmes sur la route, tout en roulant, il passait au dessus, puis c'était mon tour.  Nous étions seuls, entièrement seuls. Et lorsque je passa au dessus de John, arrachant son débardeur je vis au loin une ombre se déplacer rapidement. Je crus à une nouvelle hallucination avant que je comprenne que c'était un kangourou. Je souris. Il était clair que nous avions quitté la civilisation. La terre des kangourous pensais je rêveusement, je ne regrette pas d'être venu. John était beau dans la lumière du soir. Son visage éclairé, par les derniers rayons du soleil brillait de mille feux. Je me rapprocha de lui, mon corps se serrait contre le sien tellement fort que je pouvais sentir le moindre de ses membres, et je me pencha à son oreille avant d'y glisser d'une voix douce et chuchotante, contrastant avec la férocité de nos actes "Tant pis pour la pleine lune."


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