Une parenthèse inattendue à Pacific Grove

Alixe Exila

Une jeune fille s'est perdue depuis quelques années, elle cherche à apprendre de nouveau à se connaitre à travers un voyage qu'elle effectue seule.

Je n'étais pas une auteure en manque d'inspiration. En réalité je n'étais pas vraiment une auteure. J'avais déjà écris des courts textes lors de projets scolaires qui avaient plu à mes enseignants et ma famille. Ma mère me pressait souvent pour que je me remette à l'écriture, mais en réalité mes études de droit, mes stages et mon travail étudiant, tendaient plus à m'éloigner de toute activité artistique.

Cependant l'obtention de mon diplôme, et l'angoisse du futur me faisaient de plus en plus penser que je passais à côté de quelque chose.
Je percevais l'écriture comme une parenthèse durant laquelle on quitte la réalité. Une parenthèse au cours de laquelle mon imagination déborde d'idée. Une parenthèse qui me permet de mieux aborder les coups durs de la vie.
Mais je devais faire un choix d'orientation important et je voulais avant tout être certaine de ne pas me tromper car ce choix me conduirait vers de longues études, difficiles et un métier tout autant prenant.

C'est pourquoi je me mis à chercher un lieu de villégiature pour quelques jours. Des cousins me conseillères Airbnb, une plateforme communautaire internationale qui proposait locations et logements entre particuliers. 
Je regardais de nombreuses offres, certaines intéressantes d'autres non. Au bout de plusieurs heures j'avais fait un premier tri.
Puis je vis au hasard de mes clics, une « wish list » ; « maison d'auteurs célèbres ». Une d'entre elle m'attirait particulièrement. L'auteur des Raisins de la colère semblait y avoir vécu. Une brève recherche sur internet m'apprit qu'il avait en réalité vécu dans cette maison durant 7 petites années émaillées par ses voyages professionnels en ex-URSS pour son emploi de journaliste et ses projets cinématographiques. Mais plus que sa présence en ces lieux, le cottage était attirant, fait de bois peint en bleu clair et blanc il dégageait un charme indéniable ; des petits jardinets étaient disposés de-ci delà. Prise d'un coup de folie je réservais immédiatement.
Quelques semaines plus tard j'étais dans l'avion, de Montréal à la côte Ouest des Etats-Unis. Je venais seule afin de me ressourcer et me remettre en question. Arrivée sur place après quelques heures de voyages je rencontrais la propriétaire, qui me fit visiter. Il y avait une maison principale et un autre petit cottage, les locataires étaient déjà sur place, je les saluais rapidement.

La décoration de la petite maison sans fioritures, presque masculine était ce que j'aimais. Je passais lentement devant la cuisine laissant mon regard être attiré par la vaisselle chatoyante. Je me dirigeais vers la chambre afin de déposer mes affaires. Un grand lit emplissait la majeure partie de la pièce, une tête de lit en bois foncé, un petit bureau adorable avec des petites étoiles de mer déposées dessus. Je rangeais mes affaires dans les placards et sorti pour me rafraîchir dans la salle de bain. Rapidement ma douche devin un long bain. Je n'y endormi même quelque instants.

Habillée, lavée, ayant fait le tour de la maison je me senti un peu vide. Que devais-je faire ? Où aller ? Sans grand enthousiasme je sorti un cahier, afin d'écrire. Il resta vierge toute la journée. Vers 19 heures, Susanna la locataire de la propriété principale vient m'inviter à manger avec son mari et les autres locataires. Oskar et elle venaient de Suède, ils avaient un accent rude que leurs sourires adoucissaient. Lydia, Mary et Isabella venaient de la côte Est des Etats-Unis, elles avaient laissées leurs enfants respectifs à leurs maris, afin de prendre les vacances qu'elles se promettaient depuis des années.

La soirée fut agréable, quelques discutions littéraires, puis sur les voyages que nous avions effectués.

Rentrée tard, le sourire aux lèvres et légèrement ivre du vin et des conversations que nous venions d'avoir, je ne pu me résoudre à m'endormir. J'écoutais de la musique doucement, et laissais mon imagination vagabonder.

La semaine se déroula sur le même rythme, mes voisins et moi nous invitions chaque soir. Dès le lendemain de mon arrivée j'avais pris un crayon et avais dessiné le visage d'Erika, la fille du couple suédois qu'ils avaient laissé chez ses grands parents pendant leurs vacances. L'enfant avait 4-5 ans sur la photo que j'avais vue, un visage poupon et quelques boucles d'enfant parsemaient son visage. Je l'offris à ses parents le jour de mon départ.

J'offris aux trois amies une photo d'elles que j'avais prise un soir. On les voyait rigolant à un souvenir que Mary nous racontait, toutes les trois assises sur le bord de la fenêtre de ma chambre, Isabella serrant un coussin contre son ventre dans son fou rire. Une sincère complicité émanait d'elles.

Il fallu partir, je serrai mes amis dans mes bras, leur laissais les clefs du cottage. Nous échangeâmes des promesses de visites et de contact, quelques larmes aussi.

Je rentrai chez moi, je ne savais toujours pas ce que je souhaitai faire de mon futur, mais j'étais plus en paix avec moi-même.

https://www.airbnb.fr/rooms/1325979

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