Roma-nce verlainienne

mrsdel

Un séjour en famille. Un rêve d’éternité. L’on écume les annonces et puis l’on fait son choix.

Quelques textos échangés, pour établir un premier contact. Un italien mâtiné d'anglais, à moins que ce ne soit le contraire. Le français se substitue bientôt au reste.

Premier vol, stupidement appréhendé. Rome est au bout du voyage. Elle surgira du cobalt. Agitation d'abord. Périphérie. Enchevêtrement d'automobiles.

Un immeuble du XVIIIe. Alessandra dans l'entrebâillement de la porte. Son sourire. La discrétion touchante de Massimo. Parfum d'encens et musique baroque. Vin de Pavie. Sur la commode, quelques volumes aux pages jaunies – Dante et sa Comédie. Par la fenêtre, l'ocre des façades. Au bout de la rue, le Colisée.

« Ô bruit doux de la pluie,
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie ! »

Car elle est pluvieuse, Rome. Ses ciels irréels, comme nés d'un pinceau, furtivement déchirés par les éclaircies. Ses pavés ruisselants qui la reflètent, plus étincelante encore … Douceur de Marc Aurèle, charme d'Auguste, cruauté de Néron. Effluves de cuir, voix d'or, vacillant italien, rieuses tablées, kilomètres par dizaines. Clochers, cannelures et pins. Quiétude.

Rome, avait-elle écrit – apprenant mon passage – te laissera sans voix. Euripide est là qui, fustigeant la médiocrité de mes mots, m'intime le silence. Romances sans paroles. J'obéirai.

 

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