Sacré Nanar
Jean Claude Blanc
Sacré Nanar
Histoire d’un mec, qu’a réussi
A mettre en rogne ses faux amis
Car il a l’art et la manière
De s’entourer que de lumières
De s’enrichir de sous volés
C’est injurier les roturiers
Pourri de blé, mais emprunté
Ses vrais avoirs sont bien planqués
C’est un renard, fin goguenard
De couillonner, c’est tout un art
Si tu t’avises à l’agresser
Il te retourne le soufflet
Méprise les riches, mais pas leur fric
Ex-ministre, donc trafique
Tout ce qu’il touche, se change en or
Ce magicien, les gens l’adorent
Est de la caste des prolétaires
Il est sorti de l’ordinaire
Pas de la cuisse de Jupiter
Il en fait trop, question galère
De tous les jobs, il est en quête
Chanteur, vendeur à la sauvette
A endossé, de beaux costumes
Fier et galant, rempli de tunes
Comédien de séries télé
Mais dans le genre policier
Pas de mérite, connait son rôle
On l’a vraiment foutu en tôle
Quand le vent tourne, les rats s’affolent
Changent de monture, et de guignol
Ses supporters, n’ont pas de parole
De ses exploits, ils en rigolent
En fin de compte, pour se refaire
Pas de traversée du désert
Après le foot et la vie claire
A quémandé un Ministère
Les créateurs sont moins gâtés
Pas reluisants leurs ateliers
Croûtons de pain, quelques canons
Ils se nourrissent de leur passion
Y’a des malins, des fins limiers
Qui rachètent tout sans intérêt
Ont senti l’odeur de l’argent
Pour faire fortune, faut du bon sens
Finalement, tout est permis
Sont écoeurés, les riens du tout
Pognon facile, mais pas pour vous
Faut être du clan des dégourdis
Rien qu’à sa tronche, nous fait marrer
A travers lui, on se reconnait
C’est notre vengeur patenté
Mais de nous n’a, rien à cirer
Pauvre crétin, t’as pas compris
Il est pétri de fourberies
Car il en n’a que pour sa pomme
Le narcissisme, hante le bonhomme
Ces derniers temps, n’a pas bronché
Mais en secret, manigancé
Pour se défaire de ses dettes
Et se blanchir, en mec honnête
L’Etat frileux, pour s’amender
L’a remboursé et remercié
Pauvre Nanar, on t’a fait chier
Tous tes péchés, sont pardonnés
Vous, gens du peuple qui êtes floués
Pour moins que çà, seriez bannis
Condamnés à perpétuité
Sans avocat, ni de jury
Mais son jeu est bourré d’atouts
Plus d’une liasse dans son sac
Va triompher, à tous les coups
Les financiers, font des miracles
Il ose même, nous faire la leçon
Toutes ses ardoises sont effacées
Plébiscitée, publicité
Pense déjà aux élections
Dans notre pays, c’est pas le bagne
Y sont tapis, les « qui perd gagne »
On s’est trompé de charité
Sont inversés, les dés pipés
Solidaires par leur portefeuille
Veulent en croquer, les écureuils
Sont tellement loin du populo
Mais s’enrichissent sur son dos
Votent pour lui, ses obligés
Pour eux, se montre grand seigneur
Il les absout de leurs erreurs
L’usurpateur, va les combler
Il est gonflé et téméraire
Le ridicule, n’a pas de frontières
Il est doré, son avenir
Avide d’honneurs, de vastes empires
Le vois venir, ce faux comique
Comme présidant la République
Louis de Funès, en moins poilant
Mêlant grimaces et entregents
Coriace, tenace, jamais se lasse
Prêchant pour sa propre paroisse
Etait ruiné, près de mourir
Se ravigote sans coup férir
Comme le chiendent, toujours repousse
Même s’il a les flics aux trousses
Attend son heure, pour retourner
Police, Justice et Assemblées
Pas de parti, ni de conscience
Mais visionnaire, toujours se penche
Du bon côté de la balance
Monopolise, la Banque de France
Des gus, comme lui, y’en des masses
En roupillant, ils en amassent
L’air débonnaire, abusent le monde
De ronds de jambes et de facondes
Bonimenteurs, fieffés menteurs
Et bienfaiteurs pour leur gousset
On a soupé, de leur grandeur
L’argent qui tue, va les plomber
Histoire d’un mec, sûrement hanté
Par son passé de roturier
En fait des tonnes, pour plastronner
Ne l’atteignent plus nos quolibets
La réussite symbolisée
Que par le fric, et ses effets
On doit apprendre à nos gamins
Que de s’instruire, ça sert à rien
Ça tient à quoi d’être adulé
Ouvrir sa gueule, tifs gominés
On peut franchir tous les paliers
De l’ignorance, pas chère payée
Le bonnet d’âne, dernier de la classe
A toutes les chances, de se caser
Etre flambeur, vorace, rapace
En piétinant les préjugés
Les durs à cuire, sont populaires
Qu’est-ce qu’ils feraient pas, pour nous séduire
Marchands de tapis, de belles promesses
Chantent le présent, sans avenir
Mais le plus grave, on nous persuade
Y’a pas de succès, sans bravades
Parti de bras de fer, faut s’imposer
Pour mettre au pas, la société
Apôtre Nanar, quel bel exemple
De vanité et d’artifices
Inconsciemment, se désassemble
Notre Nation, perd ses fils
Rien contre ce type, un peu disert
Un saltimbanque, frustré de gloire
Joue les costauds en pure perte
Ceux qu’ont des ronds, font moins d’histoires
Ont capoté ses entreprises
D’opérations souvent douteuses
Son arrogance n’est plus de mise
Devrait la mettre en veilleuse
Derniers éclats, nouvelles surprises
Vraiment les juges sont acharnés
Déterrent le match, paris truqués
Histoire de fric, à mort l’arbitre
Sacré Nanar, y’a plus de fin
Tu aimes te faire remarquer
Tout en mimant les aigrefins
Tu continues, ta vie rêvée
JC Blanc juillet 2013