Salauds d'pauvres!

Salauds d'pauvres !

Pour une fois que les habitants de la rue de la Muette ouvrent leur bouche, on ne va pas se priver de ce plaisir !

Les pauvres, les gens du seizième arrondissement les aimes, mais de préférence quand ils vivent discrètement dans les chambre de bonnes de 9 m2 (qu'ils leur louent d'ailleurs à prix fort.)

C'est toujours pratique de garder à disposition quelques miséreux pour faire le ménage ou garder les gosses...

Mais évidemment, créer une (toute petite) enclave de pauvres en lisière du Bois de Boulogne, une sorte de mini-Calais, là ça ne va plus.

Ils ont raison les riches du seizième.

Sinon, que deviendrait leur ghetto pour gens fortunés ?

Il deviendrait un quartier de Paris comme les autres, avec des prix au m2 ridiculement bas.

Quelques exemples : 12 405 euros dans le seizième. 5000 euros dans le dix neuvième arrondissement.

Prix d'une chambre de bonne de 9 m2 dans le seizième : 120 000 euros (frais d'agence inclus mais sans les frais de notaire)

Prix d'une chambre de bonne dans le dix neuvième : 50 000 euros tout frais compris.

J'ai toujours aimé me promener dans le seizième arrondissement, l'on y sent une atmosphère feutrée, calme (certains diraient sans vie).

Les gens qu'on y croise sont certes un peu hautains dans leurs manteaux de fourrure, les femmes y sont légèrement dédaigneuses aussi, surtout si vous n'êtes pas bien habillé, un peu crassou sur les bords...

Pour un peu, si vous êtes ouvrier là-bas, vous seriez presque tenté de retirer votre casquette devant ces messieurs-dames.

Comme les ouvriers le faisaient avec déférence au dix-neuvième siècle...

Mais le respect s'perd dans les usines de mon grand-père !

Les ouvriers d'ailleurs ne portent plus la guimpette traditionnelle, vissée de coté sur leur crane...

Oui, à l'époque, lorsque je vivais à Paname, j'aimais me promener dans le seizième, pour y admirer les belles limousines, les voitures de sport qui passent en vrombissant dans les avenues larges et dégagées...

Cette atmosphère de luxe, de propreté, ça me changeait de mes quartiers misérables de l'Est de Paris, où toute une foule interlope et cosmopolite, haute en couleur, bruyante et malodorante souvent, se mélangeait sur les trottoirs (sales naturellement)

J'aimais voir aussi le bonheur délicieusement ostentatoire de tous ces riches passants, décontractés, à l'aise, surs d'eux et de la bonne fortune qui les met au-dessus du vulgaire, au-dessus de l'homme du commun...

Dans le seizième, les gens ont de la classe et de l'allure !

Mais pourquoi donc la Mairie de Paris veut-elle imposer aux habitants du seizième la loi S.R.U ?

Pourquoi ne pourraient-ils plus continuer à vivre entre-eux, entre gens de bonne compagnie ?

Pourquoi ne pourraient-ils plus tranquillement continuer à faire leurs œuvres de charité, mais loin de la misère ?

Pourquoi devraient-on les obliger à se conformer à une loi qui impose aux communes de plus de 1500 habitants un quota de 20% de logements sociaux ?

Et que dire de ce centre d'accueil d'urgence, c'est encore pire !

Ça n'amènera que des nécessiteux qui iront faucher chez Fauchon, qui voleront les poules (de luxe) et vomiront sur les trottoirs parce qu'ils sont trop fainéants pour les balayer !

Le seizième et ses particularismes bourgeois est une sorte de patrimoine national qu'il faut absolument préserver.

Je propose donc une solution qui je pense, j'espère, j'en suis sûr, conviendra à tout le monde.

Bâtissons un mur tout autour du seizième, bois de Boulogne inclus... Plaçons sur ce mur quelques miradors (Que Jean Nouvel pourrait d'ailleurs dessiner, pour les rendre très élégants et modernes...)

Instituons un octroi, un vrai péage pour pouvoir entrer dans cet arrondissement.

Ainsi, pour pouvoir admirer la rue de Passy, il faudra montrer patte blanche...

Je suis à peu près certain que cette mesure fera encore grimper le prix de l'immobilier, et cela profitera aussi à ces dames qui tapinent vers la Porte Dauphine...

Elles pourront faire elles aussi grimper leurs tarifs (qui ne sont déjà pas à la portée du premier smicard venu...)

Les pauvres ça ne rapporte rien et ça n'amène que des ennuis, et les riches ont bien raison d'être en colère contre leur venue...

Et puis qu'est-ce que c'est que cette idée de remettre des pauvres en plein Paris, alors que Chirac s'est évertué pendant trente ans à les chasser loin du centre, dans des banlieues pourries ?

Un mur tout autour du seizième arrondissement, c'est la solution !

Mais évidemment, comme d habitude, personne ne m'écoutera...