Sandra (7)

aile68

Glace noix de coco, sirop de goyave et Martini, le trio gagnant de Sandra quand elle se lâche. C'est pas bien méchant mais ça fait son petit effet le samedi soir quand elle fait sa petite tournée des bars avec Carmen. Un jour de cafard ou un soir plutôt, elle s'est mise à parler des Marche, de Carolina et des autres amis et, d'Enzo bien sûr. Carmen a bien vu qu'elle était encore attachée à ce dernier, elle a pensé que Sandra a bien fait d'envoyer une carte à Carolina, son amie espagnole qui était restée là-bas et voyait encore le bel italien. Sandra espérait qu'il serait mis au courant de sa nouvelle situation, elle pouvait en être sûre, son amie ne retiendrait pas sa langue. Qu'adviendrait-il alors? La rejoindrait-il à Abidjan? Lui écrirait-il? Des questions qu'elle a noyées dans un double goyave Martini. Chaque jour la jeune femme ouvrait sa boîte aux lettres en tremblant, elle rêvait même qu'elle recevait le courrier tant désiré. Et puis un jour elle s'est décidé à appeler Carolina.

"Carolina? C'est Sandra...

- Sandra!! Qu'est-ce que tu deviens? Tu es toujours en Côte d'Ivoire? "

Et Sandra a commencé à tout déballer: l'Italie lui manquait, les amis de l'époque, Carolina et... Enzo.  Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour revenir cinq ans en arrière!

"Mais tu n'es pas bien à Abidjan, dans ta nouvelle école?

a interrogé l'amie espagnole.

- Ce n'est pas ce que j'ai vécu avec vous... Tu as vu Enzo ces derniers temps?

- Non, mais je lui ai dit où tu étais. Il n'a rien dit, tu sais comment il est, toujours à faire des mystères.

- Oui, c'était quelque chose que je lui reprochais souvent a confié Sandra.

- Bon écoute! Je vais aller le voir. Je tâterai le terrain, lui tirerai les vers du nez s'il le faut...

- Tu ferais ça? Non, il va m'en vouloir. Ecoute... Je l'appellerai, moi.

- Comme tu veux ma chère... Et je t'en prie, amuse-toi, profite, ce n'est pas tous les jours qu'on est en Afrique. Tu restes combien de temps encore?

- Cinq mois. Je peux prolonger ma mission mais je crois que je le ferai pas.

- Plus tu resteras, mieux ce sera! Pense à l'expérience que ça te fera.

- Oui, tu as peut-être raison...

- Allez courage, ma belle!"

Cela a été difficile de mettre fin à cette conversation. Carolina avait raison, elle devrait rester le plus longtemps possible. Profiter de la chance d'être en Afrique... Quelle chance? Ses élèves étaient toujours aussi distants comme si ses cours n'étaient pas intéressants et les cocotiers ça allait bien cinq minutes. Elle a réfléchi: si Enzo ne viendrait pas, c'est elle qui irait à lui pendant les vacances de Noël. Elle prendrait cinq jours pas plus pour le reconquérir. Peut-être qu'il attendait sa venue. Ou peut-être pas...

(à suivre)

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