Sanglot

franekbalboa

Alors que je suis immobile face au fleuve, j'en entends un autre qui coule à flots. Ceux-ci sont agités, secoués, sur des joues, ce sont des sanglots. Je me demande étonnamment pourquoi je n'en suis pas capable, alors que par moments ma tristesse est palpable. Peut-être ai-je un corps qui refuse de verser, ces perles d'émotions qui coulent et ruissellent, pourquoi, comment est-il arrivé à ne plus permettre de couler à ces perles... 

J'ai tant ressenti, tant éprouvé, j'ai tant souffert, je me suis tant noyé... Dans des océans, des lacs, des rivières, je me suis perdu dans ces douleurs éphémères. Je n'ai pas la prétention d'être parvenu à ne plus souffrir, malgré cela il m'est parfois douloureux de sourire. Des larmes devraient couler à ce moment là, mais les lèvres s'étirent et c'est un sourire que voilà. 

Je n'ai plus la recette, j'ai perdu la feuille, de ces perles salées, je crois que j'ai fait le deuil. Ni joie, ni peine, ni déception, ni haine, rien ne semble pouvoir alléger ce fardeau, ouvrir ces vannes, faire couler cette eau. 

Je me surprends parfois à une amertume, une colère et une peine de cette infortune. Alors que je vois un peu partout, ces visages ruisselant, quelque chose me prend au cou...

Une boule étrange, une respiration difficile, être un cœur de pierre serait bien plus facile. Car éprouver sans montrer c'est une fontaine tarie, c'est un bateau sans boussole, de la joie sans qu'on ne rie... Je me trouve à cette frontière délicate, celle des sensations déliée des actes, celle des moments perdus parce que non montrés, celle des larmes qui n'auront jamais coulé. 

J'ai l'impression par moments de ne plus être humain, une monstruosité qui a perdu le chemin. Si un jour ce rideau lâche, je vous préviens, les flots couleront bien trop, pour tout ce temps où il n'y avait rien. 

Les vannes ne sauront plus se refermer, les larmes ne cesseront de couler. J'aurai sans doute à ce moment, l'ai d'un ridicule gamin de cinq ans. Mais j'aurai retrouvé une partie de moi, cette partie refoulée planquée depuis de trop longs mois. 

Le soleil a asséché ces yeux, la pluie ne coule plus de ces deux. La patience sera la seule vertu, si je souhaite encore vaincre et non être vaincu. 

  • Comme je comprends cette pensée, car à deux moments très douloureux de ma vie, j'aurais voulu ces larmes, je les ai appelées, mais, sur mon visage, des sourires se sont juste accrochés. Malgré mon appel, je n'y suis pas arrivée et je sais que l'on m'a jugée, car beaucoup pleuraient autour de moi. Et j'y pense encore bien des années après et j'ai honte de cela. Elles n'arrivaient que lorsque j'étais seule.

    · Il y a environ 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Il n'est pas nécessaire d'avoir des larmes pour pleurer. Parfois elles coulent dedans.
      Le jugement de ces gens est lamentable. Le chemin trop facile. Vous ne devriez pas vous en formaliser. Vous savez que vous avez pleuré.

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • Merci à vous.

      · Il y a environ 5 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Combien de masques portons-nous chacun pour nos protéger de nous-mêmes? Merci pour cette pensée qui fait écho. Je vous souhaite de retrouver le chemin lacrymale à votre manière.

    · Il y a environ 5 ans ·
    Chat lunettes soleil

    lamandine

    • Merci, ce ne sont pas des masques mais des barrières. Chacune nous enfouit un peu plus, enfin je crois. Et quelque part, on se perd.

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • j'aime croire que c'est à portée de main, même si on a perdu la carte du chemin.

      · Il y a environ 5 ans ·
      Chat lunettes soleil

      lamandine

    • Il est dur d'être à portée de main lorsque celle-ci nous a été tranchée ;)

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • encore une barrière ? ;)

      · Il y a environ 5 ans ·
      Chat lunettes soleil

      lamandine

    • Possible, mais vient-elle de moi ou des autres celle-ci ?

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • Peut-être une des questions les plus cruciales. Me risquerai-je à dire, un peu des deux?

      · Il y a environ 5 ans ·
      Chat lunettes soleil

      lamandine

    • C'est une réponse assez vague mais malgré tout possiblement vraie. C'est bien souvent enfoui trop profondément pour s'en souvenir

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • La réponse est vague car elle ne m'appartient pas :)

      · Il y a environ 5 ans ·
      Chat lunettes soleil

      lamandine

    • Elle n'appartient à personne en étant à tout le monde à la fois

      · Il y a environ 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • C'est juste. Alors, je dirais que l'on construit nos barrières à cause de l'Autre, mais que cela reste nos barrières et qu'il n'appartient qu'à nous-mêmes de les faire tomber, mais je pense aussi que c'est très difficile de le faire seul. Pour moi, nos barrières sont inextricablement liées à nous-mêmes et à l'Autre, mais nous en restons les seuls propriétaires au final. Le désir et la possibilité de les laisser tomber nous appartient et si cela n'apparaît pas possible, alors c'est que ce n'est peut-être pas le moment. Après tout rien n'y oblige.

      · Il y a environ 5 ans ·
      Chat lunettes soleil

      lamandine

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