Sangsue Alitée

Etienne Bou

Je me noue dans ce dantesque rivage de brumes écorchées, les fracas du silence abrutissent mes gestes.  Je ne suis plus ce solide duramen qui me tenait au terrestre. Je suis emprunt à ce fatalisme dérisoire qu'est la peur. Son corps est mon sanctuaire, mon parchemin, ma raison. Mais sans carte parfois, je me perds... Mais elle l'a compris.. Elle... encore... elle...

Dans ce frimas se dessine ses bas, sa voûte. Sa caresse m'inspire et par son souffle je respire, je me livre à elle, ma délicieuse, ma beauté intemporelle. Nous nous étreignons comme au dernier jour, comme au premier lendemain, à chaque rayon je la parcoure, je l'encense et m'amuse car elle, ma muse, se joue de mes lèvres, de mes sens, de mes rêves. Je l'étreins sauvagement et ses regards pénétrants me dévorent à chaque froissement. Elle se tord puis s'enflamme, nous devenons la clé de cette portée qui touche le sol et s'échaude sur la crinière de son dos. De là, son échine m'inspire et mes baisers ne cessent de l'affleurer, sans toucher, sans voler, sans oser. Nos sons ne sont que complaintes et le ciel nous en est témoin. La voûte s'est étoilée, elle s'est emportée dans un tourbillon où le ciel nous enveloppe. Nous ne sommes que les pantins d'un spectacle nocturne où chaque étoiles tire sa ficelle. Et je l'étreins, je chatouille ses bas pour transformer en ébats la beauté de sa voix. Ses demi- lunes se balance sur mon être et j'escompte à chaque seconde que sa chaleur soit mienne pour toujours.

Je la désire, je la brûle de mes caresses, de songes d'ivresses, d'amour passionné, de passion imbibée. Je n'ai d'yeux que pour elle, je n'ai d'âme que la sienne, je ne veux que jouir de l'instant, de nos étreintes enflammées à tout vent, que la brise ravive nos traits et dessine nos êtres se dévorant. Ô mon aimée, laisse moi juste te désirer.. encore.. encore..

Et puis, lorsque notre étreinte vacille, comme une symphonie inachevée, comme Schubert l'aurait aimé, je tends encore à recommencer. A vouloir la kidnapper, l'emmener et ne plus s'arrêter, fuir et sourire, écrire ce livre où il faut simplement vivre. Elle est ma Lune constellée, je ne veux qu'elle, je la veux elle, je veux te contempler encore... encore...

Qu'à chaque note nos sangs se mélangent, que l'on puise en chacun l'idylle jusqu'à la moelle.

 

Toi et moi.. Deux sangsues, alitées.

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