sans-th(i)ème poème...

aussi sûr que le soir

dans sa grande magie sombre

m'apporte sa dose d'ombres

et de grands désespoirs

il reviendra toujours

ce grand moment irrésolu

du je et du tu

du jeu que je tue

des tu juges

et des je suis

des je songe donc je suis

suivi d'un matin de plein jour

nuits et jours

c'est le même amour

et les conflits essentiels

se répètent

que dis tu?

que je suis pas prête?

mais vraiment

réponds moi alors

que DIS TU?? comment OSES TU?

la même suite d'exception-

d'acceptations

et d'accès de questions

mais à la fin

et ce n'est que le début

que de belles fleurs

dans mon tout petit jardin

où il pleut trop

où ça pleure trop

que d'amour reçu

pour une toute petite femme

la fin est aussi le début

je n'aime pas plus dire aurevoir

que je n'aime tirer un trait final

je préfère me lever le matin

que vous quitter le soir

et tout et tout

se recoupe

et toute la boucle

ne cesse de faire des ronds

à l'infini

il y a autant d'équilibre dans un couple

qu'il y a d'harmonie chaotique

dans la tige souple

d'une de ces fleurs

que je cultive

et qui nait et qui meurt

et qui plie sous les épreuves

j'étais venue pour parler

comme l'autre fois vous vous souvenez?

j'avais des choses à dire

des histoires, des gens, de la peine à ressentir

et puis

c'est tellement plus clair

quand on se débarrasse

des vêtements du "je sais ce que je vais faire"

ils sont tellement confortables

surtout qd on a l'habitude

mais ....

ici je ne parle et je n'écris

qu'à demi, mais tellement pleinement

ET j'ai encore oublié

le thème, le sujet, l'histoire

mais oui je sais je crois

je suis sûre, qu'ils sont tellement palpables

que tout devient fluide,

une fois encore écrire pour écrire m'est agréable

ne me suivez pas

ou suivez un de mes pas

puis reculez

puis revenez

moi je sais que dans ce silence de mots

plus d'égo ni de moi

tant d'émois peu d'argot

sans ergoter

ni argumenter

larguée dans l'étang infini

d'une litanie

autonome

bien réelle comme un atome

et si invisible

aussi elle vient de l'Homme

tout est si bien

qd les mots sonnent

quand l'émotion

moissonne

et les moi sont

à l'unisson

je trouve, puisque je cherche

avec mes mots

et les vôtres

voilà voilà

encore un poème sans thème

une peau même

sans fard et sans visage

un corps comme un contenant

un conte et puis non

"raconte!"

ce continent

évidemment

que ma peine et mon coeur

soient jardin, pays, univers

j'essaie d'entretenir cette lumière

vacillante

cette bougie

frissonnante

cet espoir

mais bon sang c'est de vous aussi que je parle

et après les mots

avant les prochains surtout

je me tais

sans arrêter jamais

de suivre que cela leur plaisent ou non

ce chemin qui n'a besoin

de rien mais vraiment de rien

(cela se saurait non? si je mourrais de faim)

de plus que de se perdre au lointain

comme dans les dessins

des contes de fées...

cela ne sert enfin non plus à rien

de me dire "redescends,

viens, reviens, et range toi hein

depuis le temps nom d'un chien"

je vais te le dire à toi

que c'est à moi depuis le temps

depuis tout ce putain de temps

de décider, et c'est fou

je n'ose même pas encore le dire

de vivre comme je l'entends

et tu vas entendre

toi qui m'aime combien également

je suis tienne

(et mes amants

n'ont rien à voire la dedans)

toi qui m'étouffe aussi

toi qui t'appelle société, famille

bonne conscience collective enfin

je ne t'appartiendrai jamais!

Eve IBK