Sans un mot
sauzki
Tout a commencé pendant une soirée bruyante, alcoolisée et enfumée. Une soirée assez proche de celles que je passe depuis quelques années maintenant.
Je suis arrivé là grâce à une connaissance d'une connaissance, poussée par l'envie de ne pas rester seul chez moi et finalement sans vraiment savoir pourquoi. Je me suis préparé au mieux avec la gueule que j'ai, pris mon scooter sous la pluie pour arriver devant un immeuble quelconque. J'ai sonné, je suis rentré. La porte s'ouvre, je fais la bise à une inconnue comme si je la connaissais, j'avance de quelques pas pour arriver sur le lieu de la fête.
Des hommes, des femmes qui se parlent, se regardent et s'observent, boivent et fument, mangent un peu. Rien d'exceptionnel et je sens que la soirée va être longue et suivi d'un retour miséreux.
Puis tout change. Je la vois à travers la pièce. Elle est là, assise cernée par deux mecs visiblement avides de la connaître plus en détails. Elle rayonne, éclabousse chaque centimètre par sa présence. Mais pas seulement. Pour tout dire elle n'est pas la plus belle des femmes présentes à la soirée, mais pour moi elle l'est. Tout me touche en elle. Tout m'attire. Je sais qu'elle sera un souvenir incrusté en moi comme un tatouage, qu'elle restera dans ma mémoire jusqu'à ma fin, que je la chercherai toujours à travers les autres. Étrange certitude, naïve et digne d'un adolescence pré-pubère mais qui s'est vérifiée, comme un conte de fées qui aurait vaincu la réalité.
Je cherche à me montrer, qu'elle me voit, qu'elle sache que j'existe. Je me déplace à travers les autres êtres qui m'ignorent, quelques minutes passent puis je croise son regard. Tout se fige. Mon corps vibre. Elle me regarde, simplement, avec un peu de distance, presque sans me voir. Puis elle tourne sa tête, puis elle me regarde à nouveau. Ses yeux semblent bleus dans la pénombre de la pièce. Son regard devient plus insistant et je réussi à le soutenir malgré mon trouble intense. En quelques secondes nous sommes connectés, moi je le suis.
Puis le charme cesse, elle se lève avec un autre pour danser. Un immonde branleur au physique parfait, une pourriture de beau mec habillé exactement comme il le faut. Je le maudis, pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait. Être proche d'elle, toucher sa main et bouger son corps sur le rythme du sien. Il doit sentir l'arrondi de son cul frotter sur sa bite, peut-être effleurer puis toucher ses seins.
Le tuer, le frapper au moins. Immobile comme un con, excité par le spectacle de cet homme que je veux être et de cette femme que je désire. Un verre, vite. Avoir quelque chose à boire, m'occuper et ne pas rester planter face à ce désir en mouvement. Une vodka, puis deux. Ça brule et j'ai encore plus envie d'elle. Je me retourne et la vois venir vers moi. Elle passe avec un regard qui traine sur moi. Je sens alors pour la première fois son parfum fusionné à l'odeur de sa peau. Un intense mélange de fleurs, de douceur et d'envie, avec quelques touches d'un savon à la noix de coco. Je bande comme un adolescent devant un porno. Je panique et hésite à fuir l'obsession d'elle qui monte en moi. Elle va aux toilettes. Les images affluent dans mon cerveau, brutales et obscènes. Ses mains soulèvent sa jupe, baisse sa culotte humide. Elle pose son cul couvert de sueur sur la cuvette, son sexe à l'air laisse couler l'urine chaude. Elle s'essuie, remonte sa culotte le long de ses jambes lisses, frotte doucement ses mains sous l'eau, ses doigts glissent entre eux couverts de savon. Elle se regarde dans la glace, je vois presque son visage sous la lumière crue de l'ampoule.
Je me rapproche des toilettes, je m'imagine rentrer au moment où elle sort, l'embrasser, fermer la porte, baisser à nouveau sa culotte, imprégner ma main de l'odeur de ses cuisses, la caresser, sentir son sexe s'ouvrir sous mes doigts, puis sortir ma bite pour la pénétrer. Du plaisir brutal, égoïste, rapide, pour moi car je ne tiens plus, avec la seule volonté de jouir en elle. Mais je ne peux que la croiser quand elle sort. La frôler, toucher son épaule avec la mienne pour simplement lui dire pardon. A défaut de baise intense j'obtiens un sourire, juste avant qu'elle ne retourne danser.
Je rentre seul dans les chiottes. Je ne tiens plus et dois me branler pour retrouver des idées claires. C'est rapide et triste, une question d'hygiène et de contrôle. Elle est là dans ma tête, sur moi, en moi, je me répands dans les détails de son corps. Ma main touche ma bite et en quelques secondes tout se calme. Je respire face à mon reflet dans la glace. Puis une main frappe à la porte, peut-être elle mais j'en doute. Je m'essuie vite et sort un peu honteux en croisant un gros barbu pressé.
Je dois agir, je ne peux pas rester là toute la soirée à la suivre, à errer, à espérer qu'elle s'approche de moi enfin. Je sais que je dois lui parler. Elle est toujours cernée par des mâles dominants qui cherchent à se reproduire. Je cherche une ruse pour m'approcher d'elle sans me faire mordre par un rival. Je capte à plusieurs reprises son regard qui sans que je comprenne bien pourquoi reste de plus en plus longtemps posé sur moi. Que voit-elle ? Comment peut-elle m'imaginer ? Je ne suis pas trop mal mais je suis loin du célèbre Christian Grey, nouvel étalon des ménagères humides. Je suis un mec parmi d'autres, simplement humain, vivant et perdu dans cette soirée.
Mais sans explication je sens que peut être, cette fois, le fantasme qu'elle incarne pourrait être une réalité. Nos yeux se touchent de plus en plus et un léger sourire apparaît même sur ses lèvres au dessin intense. Je ne peux pas me tromper ni rêver. Je n'ai bu que deux vodka, je finis par y croire, ou je me persuade. D'habitude timide je m'approche finalement d'elle pendant un moment d'inattention de sa garde rapprochée. La phrase la plus banale possible dans une soirée fonctionne cette fois et elle se lève pour m'accompagner lui servir un verre. Marcher à ses côtés pour atteindre le bar projette déjà des images de plaisirs et de sexe en moi. Rien d'autre ne peut occuper mon esprit que l'envie de baiser avec elle. Je suis conduit par mon corps jusqu'à elle. Je lui sers une vodka sans même lui demander si elle aime. Elle ne parle pas et la boit d'une traite. Je fais pareil. Puis une deuxième. Nous nous regardons cernés par le bruit de la soirée. Je cherche sans relâche une phrase à prononcer, même un mot mais je reste figé.
Alors elle prend ma main, sa bouche reste silencieuse. Je m'interroge sur la réalité de la scène, suis-je dans une collection Harlequin ou dans un mauvais porno, j'hésite. Mais je préfère repousser ma réflexion de quelques heures et me laisser emporter par sa main. Elle me guide et m'entraîne en dehors de l'appartement, nous prenons l'escalier vers le haut. Elle est devant moi, elle monte lentement, pas après pas, elle me laisse profiter du spectacle de son cul à peine caché par sa jupe légère. Je me demande si elle est nue en dessous. Je vois ses mollets se dessiner sous l'effort et de légères gouttes de sueur sur son dos nu. Ma bouche est sèche. Elle est l'ensemble de mon désir à cet instant. Je m'imprègne d'elle et de ses détails. Sa main me tire légèrement et je vois ses ongles vernis, d'un rouge tirant sur l'orange, ses cheveux noirs sont lâchés et flotte au rythme des marches, ils dévoilent par moment sa nuque. Je ne suis plus que son ombre de chair. Je me laisse emporter par elle. Je suis vaincu par mon désir et soumis à cette femme dont j'ignore le nom.
Nous arrivons sur le toit. Elle ouvre une porte qui débouche sur une terrasse. Tout est noir à l'exception des lumières de la rue. L'immeuble très haut domine les autres et nous sommes seuls, avec l'impression de voler au-dessus de la ville. Elle n'a toujours pas dit un seul mot. Son regard me cerne. J'aime cet instant d'espoir, je la veux et elle semble m'emmener avec elle vers l'intensité. Puis elle lâche ma main. Je sens un léger froid au creux de mes doigts. Je tente de parler mais elle me fait signe de me taire, en posant son doigt tendu sur sa bouche entre-ouverte. Elle laisse tomber sa jupe aux motifs rouge.
Je découvre alors son corps. Ses épaules à la courbe douce accompagnent ses bras menus et musclés. Ses seins imposants accrochent mon regard le temps de profiter de leur beauté insolente. Ses tétons ronds et grenat réveillent ma bouche. Puis mes yeux se posent sur les courbes de son ventre avant de descendre vers le centre de mon désir. Elle est là, devant moi, nue, son sexe exposé à mon regard, ses poils courts dessinant son lieu de plaisir à venir. Le silence règne autour de nous, je suis paralysé. Je m'entends respirer sans pouvoir réagir. Elle s'approche de moi pour me caresser le visage, en laissant trainer ses ongles sur ma peau. Elle passe ses doigts fins dans mes cheveux avant de commencer à m'embrasser. Sa bouche a un goût d'alcool et je me laisse imprégner. Je sens ses lèvres, leur rondeur, leur douceur, je respire son air, je suis sa proximité. Les secondes sont alors longues, vivantes et fortes.
Je me laisse glisser lentement le long de son corps, ma bouche glisse sur sa peau et je goute ses parfums, qui changent tout au long de ma descente vers son sexe. Son nombril glisse sous ma bouche et intensifie encore mon désir. Puis je pose enfin mes lèvres sur son sexe. Il est tout, enivrante humidité de son envie. Je le goutte, léchant chacun de ses recoins, me noyant, fouillant la chaleur de son être, ma langue tendue vers son centre. Elle gémit un peu, puis un peu plus. Je m'accorde sur son souffle cherchant toujours plus précisément le lieu de son plaisir. Alors elle s'allonge, vaincue, elle s'abandonne. Je replonge ma bouche en elle, plus intensément, plus fort. Et d'un coup elle jouit, sans prévenir, écrasant mon visage en elle, elle pousse un long cri trainant le long des secondes, intense et aigu, qui raisonne et se perd sur ce toit sombre, posé sur cette ville.