Sauvetage en mer
Lutécia Cendrelle
Les rencontres d'été : des horizons aux couleurs de flammes, des aurores fruitées, des nuits chaudes et envoûtantes où les cheveux se mélangent ; des crépuscules éreintants où les corps dansent l'amour, cocktails explosifs des sens, des jours entiers à lisser les frissons ancrés sur la peau comme des bateaux de plaisance dans les calanques à l'eau couleur émeraude.
J'aime l'été et les vacances, je me sens libre.
Encore plus libre. Belle. Encore plus belle.
Un oiseau dans le ciel azur du plaisir !
En arrivant cette année, mystère : la mer déchaînée. Des vagues puissantes, de l'écume avalant les naïades qui osaient la combattre. Peu fréquent ici.
Habituée à mon océan de l'ouest gourmand de corps, je ne me suis pas arrêtée. Il faisait beau, très chaud, et voir ces enfants bronzés prendre du plaisir dans l'écume bouillonnante et vivante de la mer tiède, m'a rappelé des souvenirs d'enfance. Sauter dans les vagues, éviter les plus grosses, être bousculée, renversée. Au diable l'oriflamme orange qui s'agitait sur son poteau !
Elle m'a souri.
Elle était comme moi.
Échange de regards, sans se connaître.
Les vagues venaient lécher son corps et moi j'avançais timidement dans ses pas pour entrer dans l'eau. Premier bain, un peu fatiguée par la route des jours précédents et surtout par ma nuit torride de la veille…
Les enfants que le monstre aurait bien dévorés, couraient vers leurs parents inquiets.
Elle avançait toujours.
Je l'observais braver les vagues et soudain reculer.
Un joli corps féminin et sensuel comme je les aime. Cheveux longs, bikini minimum syndical aux petits nœuds latéraux, maillot de bain des sirènes qui collait à sa peau nue éclaboussée de sel, que j'aurais bien léchée ; de beaux seins mis en valeur, et des fesses que je ne quittais plus des yeux. Le type de femme avec qui j'aime m'envoler dans mes nuits saphiques.
Elle a été surprise par un rouleau, j'ai vu un de ses seins, dévoilé par le triangle décalé.
Elle a replacé son haut de maillot en riant de l'audace de la grosse vague verte translucide.
J'ai été secouée par ce déferlement et mouillée subitement jusqu'au cou.
La deuxième vague a été plus coquine, j'ai vu la raie de ses fesses rondes, découvertes par l'écume. Une langue blanche qui a essayé d'avaler ce petit morceau de tissu qui la protégeait, et s'enfoncer dans les profondeurs de son intimité déjà mi-dévoilée.
Soudain un dessert onctueux au goût de volupté s'est érigé en secret. Une mousse de sel a enrobé son corps d'un délice marin aux accents de encore. Une lame blanche a préparé un met-surprise : un bikini capturé dans la stupeur… Son corps était dénudé, léché par l'écume de la troisième vague ; ses joues rosies, belle surprise d'un été qui commençait, saupoudré de désir.
J'ai regardé cette femme à peu près de mon âge, le visage peint de honte, les fesses et la toison noire à l'air, le bikini dénoué, arraché de ses longues jambes, et s'échouant sur le sable fin comme une méduse morte, quelque part dans l'émulsion blanche. Fallait-il encore trouver où…
Je l'ai aidée à le chercher et mes yeux dévoraient son corps.
Les enfants qui jouaient au sable riaient, et le maître-nageur, stoïque, les palmes à la main, devait penser qu'il nous avait prévenues de la violence des lames.
Ce moment a été très érotique et surprenant.
J'ai aidé Violette à remettre son maillot, elle m'a regardée.
J'ai senti quelque chose dans ses yeux quand elle m'a dit son prénom après l'aventure.
La suite s'est passée un peu plus tard, loin des regards.
Nous avons bravé le mur de vagues et sommes allées à la ligne de bouées après avoir discuté sur le sable, léchées par les vagues incessantes et leurs embruns.
Il y avait peu de monde dans l'eau, même si la belle bleue se calmait un peu.
La fleur de mer au goût de celles qui éclosent l'été a plongé dans mon regard. Appuyée sur le cordage de bouées jaunes, elle s'est immobilisée et ses yeux se sont posés sur mes lèvres qui n'attendaient plus que les siennes.
Ses jambes se sont enroulées autour de mon corps et elle m'a embrassée. Ses mains ont commencé à me découvrir, nos langues ont entamé un ballet marin. Bercées par l'eau en mouvement, nous avons à tour de rôle échangé des caresses sous-marines et elle a joué à dénouer mon bikini blanc et m'observer sous l'eau. Nous étions quittes et ses doigts me fouillaient.
Grace à cette houle, j'ai dégusté une mousse de Violette, un désert de la nuit que je n'oublierai jamais.
Deux rencontres différentes, elle et Marie. La veille. Deux soirs d'extase dans les limbes salés du plaisir, des moments gourmands que j'avais envie de renouveler.
C'est ce que j'ai fait deux jours plus tard avec Violette et le maître-nageur. Une soirée sur le sable de la plage, les étoiles filantes, Violette et lui nus dans mes draps…
L'univers s'est ouvert sur ses petites lèvres-délice, les miennes se mouillaient, la rosée s'y installait. Les comètes brillaient dans notre nuit sans fin, sa peau se dorait par les baisers de lune. Les lucioles imprimaient sur nos trois corps en sueur, des frissons complices, gourmandise de l'aurore. Dans l'air, un parfum, invitation à jouir, nos peaux s'attiraient comme des aimants-plaisir. Dans ses yeux obscurs, les miens trouvaient leur chemin, seins contre seins nous filions vers demain. Sa bouche s'ouvrait, surprise sensationnelle, il avait pris l'autre voie, son soleil noir, réfugié entre ses deux lunes. Ses mains dans les miennes, fusion de deux âmes, nos langues s'enroulaient, tourbillon de magie. Son cœur s'affolait sur mes tétins durcis, et ses cris s'envolaient comme une pluie vers le ciel. Dans sa chair possédée, la voie lactée scintillait ; les étoiles blanches fusaient, lumière expulsée. Dans ma bouche, ses baisers, ses mots crus échappés, dans mes yeux le plaisir de la voir partir. Dans ma rivière d'amour, mes doigts cueillaient l'extase, pour la suivre avec joie sur les rêves d'Aphrodite. Un voile d'impudeur emprisonnait nos trois corps, fesses en l'air, elle tremblait, jusqu'au silence stellaire. Libérée, son œil noir se fermait, ses yeux s'ouvraient sur un nouveau monde…
Elle venait d'apprécier sa première sodomie.
J'ai aimé qu'elle la vive avec intensité, ses yeux dans mon regard, ses longs cheveux caressant mon buste et mes seins, mes mains effleurant son dos.
Nous avions prévu d'aller à Saint-Trop' avec Marie et Violette. Le premier week-end des vacances.
Marie nous avait proposé d'y aller avec son bateau.
Trois sirènes en liberté, direction le luxe, ou la luxure.
Je n'avais jamais joui en bateau, pourtant j'en avais fait des choses…
Ce fut réparé !
J'ai encore en moi les vibrations graves du moteur puissant. Mécanique des sens. Couchée, les jambes écartées, Violette m'a rendu une part de son bonheur. Elle sait lécher une femme et s'occuper de son corps. J'ai aimé ce mélange d'expérience et l'excitation de Marie qui regardait nos ébats en conduisant le bateau.
Comme une gamine, j'ai été fascinée par les yachts accostés. Je ne suis pas une femme que l'argent attire mais ces rafiots me faisaient mouiller. En passant dans le vieux port au ralenti, j'ai eu le temps de remplir mes yeux de phantasmes.
— Ça vous dirait de visiter un truc comme ça les filles ? ai-je demandé à Marie et Violette.
— Dans tes rêves ma puce ! m'a répondu Violette.
— Ça doit être trop classe de bronzer là-dessus et d'y passer une soirée !
— Ça doit, mais tu vas te contenter de mon p'tit bateau et de ton équipage infernal, m'a alors rétorqué Marie.
On a tourné des heures dans Saint-Trop' ; on a ri, j'ai joui dans une ruelle des doigts agiles de Violette dans ma culotte et on a mangé comme des gourmandes dans un cabaret chaud où Marie a un peu dansé sur la table. La journée a été courte, agréable. La nuit un peu folle.
Le petit jour arrivait quand on a repris la direction du vieux port. L'aube, le silence, quelques yachts encore illuminés. Un reste de soirée. La mer huileuse, les folies du crépuscule en suspension.
J'ai voulu refaire un tour sur les quais pour rêver un peu et prendre des photos avec mon smartphone.
Un beau marin en chemise blanche fumait son cigare sur le pont d'un bateau très effilé.
Un des plus beaux. Des plus gros.
On lui a fait un signe pour s'amuser.
Il nous a fait monter.
Rêver.
Offert du champagne.
Nous a proposé à demi-mot, un tour en mer.
Je suis la seule à avoir dit oui !
Les filles sont rentrées avec le petit bateau et moi j'ai pris la direction de la baie, vers l'écume de la découverte. Pour mouiller au large. Jeter l'ancre de mes pulsions.
Le tour de bateau de luxe, il avait un prix. Pour lui.
En échange, la luxure.
Quant à l'écart des filles, il a insisté pour ce voyage en mer en me tenant fermement le poignet, j'ai vu dans son regard qu'il voulait quelque chose et qu'il allait l'obtenir. Ça, il l'a sûrement lu dans le vert de mes yeux.
— Un tour en mer ! Allez, viens ! m'a-t-il dit.
— C'est combien ? lui ai-je répondu, juste pour rire.
— Cinq mille euros. Pour toi ! J'te les donne en liquide. Avant.
— Je ne suis pas une pute ! Et mes copines non plus.
— Je m'en branle de tes pétasses. C'est toi qu'je veux. Si t'as jamais joué la pute, c'est l'moment ! T'as une gueule qui m'plaît. Je sors la cravache, le fouet, les fers et le bâillon-boule. Tu vois le genre de jeux que j'te propose ?
— Je vois bien oui, lui ai-je répondu en mentant et sans réfléchir. C'est huit mille euros… T'as cinq secondes pour te décider, ai-je ajouté en remarquant que je venais de le tutoyer.
Je crois que j'aurais pu négocier beaucoup plus…
Ma curiosité allait sûrement m'emmener sur des rives inconnues…
Mon sourire lui a plu.
Grand silence.
Le filet qui tombe sur la sirène.
L'uniforme.
Le luxe.
Le bateau géant.
Mon phantasme.
Ma culotte trempée.
Je n'ai pas résisté.
Direction le large de Nice.
Destination : plaisirs.
Mine de rien, je venais de gagner trois mille euros en claquant des doigts…
Pour les cinq mille, c'était autre chose…
Son fric m'intéressait finalement.
Je puais la sueur, alors j'ai pris une douche. Jamais vu une salle de bain pareille, même dans le plus luxueux des hôtels. Il m'a donné rendez-vous deux heures plus tard à l'avant dans un salon. J'ai eu le temps de prendre du plaisir seule, de me mettre en « condition ».
Le bateau était étrangement vide et silencieux, mais j'avais l'impression que des yeux m'observaient.
Intuition féminine…
Caméras ?
Ça m'excitait, alors je surfais sur l'extase…
J'ai eu mon fric et je me suis vite retrouvée à poil au milieu du salon couvert de grands coussins.
Les règlements crachés sur la table.
Les ordres vomis.
L'homme m'a filé un collier et une combinaison en latex. J'ai eu du mal à l'enfiler. Mes seins, mon cul étaient moulés dans cette fine peau noire qui me transformait en femme irrésistible, piégée dans une carapace. Une seconde peau pour ses yeux friands de jeux sado-maso.
J'allais devenir sa Vénus à la fourrure.
Fourrure noire, yeux verts.
Féline.
Sans limites.
Prête à griffer, et à l'être…
Dans quoi je m'étais embarquée ?
Ce n'est pas pour lui qu'il faisait ça. C'était pour sa femme, qu'il m'a ordonné de lécher dès son entrée.
Je devenais sa chienne et elle aimait. Elle écartait les cuisses et m'offrait sa vulve-glabre-peau-de-bébé en gémissant de mes coups de langues et de mes lèvres douces sur son clitoris orné d'un piercing. Je l'aspirais, le suçotais. J'obéissais.
Elle n'a pas eu de mal à jouir, il faut dire que je m'y connais un peu ! Ça, ils ne pouvaient pas le deviner !
Ensuite, ils m'ont emmenée dans une autre pièce. Un « donjon flottant » où le matériel était prêt pour les sévices, le vice et le plaisir. Le mien, le leur.
Elle était fascinée par les visions érotiques de soumission cette gonzesse ! Elle voulait me voir, juste me scruter. Gang Banguée par l'équipage, ou à ses pieds, attachée, fessée, fessante. Maîtresse-esclave de leurs désirs fous déviants.
Tout y est passé. Jusqu'au crépuscule. Barres d'écartement, roulette de Wartenberg, pinces à tétons, chaines, cage, croix de Saint-André, fouets, cravaches. Humiliations, orgasmes forcés. Privations.
Ils ont sorti le grand jeu. Une bande de dingues !
Quand la souffrance se transforme en plaisir dans les limbes du vice… L'enfer dans la Baie des Anges.
Je voulais connaître ça un jour, du moins essayer… et bien c'est arrivé.
SM… Oui, ça aurait pu être « Serial Masturbation », « Sérieusement Malmenée », « Savamment Maltraitée », « Sans Mari », « Sauvetage en Mer » comme avec Violette, mais non, juste une journée Sado-Maso au large. La découverte d'un monde étrange qui m'avait jusque-là échappé.
J'ai adoré certaines choses, d'autres beaucoup moins !
La vie est un cocktail de plaisirs et parfois, il y a un peu de pulpe au fond…
Du tendre au violent un cocktail qui peut nous rendre ivre...
· Il y a environ 6 ans ·Patrick Gonzalez
oui, je voulais passer dans ce texte d'un extrême à l'autre, c'est ça la vie^^
· Il y a environ 6 ans ·merci
Lutécia Cendrelle
U,ne nouvelle d'un érotisme charmant...puis, plus violent...
· Il y a environ 6 ans ·Très bien écrite !
Louve
merci Louve
· Il y a environ 6 ans ·Lutécia Cendrelle