Schadenfreude

L'été venait de finir son couplet
Et l'automne rêvetait son orange complet
Moi, moi, de ma fentêtre j'épiais
La branche tombée de l'olivier.

Tant d'encre et tant de larmes avaient coulé
Des journalistes, parents et voisins de pallier
Pour une histoire, qui, dans ma mémoire
Continue de hanter mes cauchemars

Quand, il y a dix ans, une corde pendante
Sonna le sombre glas d'une vie adolescente
C'est toute une famille qui déchanta
Lorsque la camarde l'emporta

Des foules anonymes lui dirent "je t'aime"
Cracherent leur requiem, Salirent les chrysanthemes
Satisfaisant leur curiosité
Pour ce manège vers l'eternité

Chacun y allait de sa vérité,
Scandait l'évidence, "elle a fui par lâch'té"
La foule eut sa tombe à profaner,
Grâce à cette fleur trop tôt fanée

Et chaque année, j'essayais de comprendre
Pourquoi sa triste sortie avait autant fait vendre
Et pourquoi ne rest'-t'il que mes fleurs ?
Et pourquoi ne rest'-t'il que mes pleurs ?

Et vous qui lui avez donné naissance,
Ne serait-ce pas vous qui auriez planté l'essence ?
Celle qui, à défaut de la brûler,
L'aura contrainte à s'étrangler.