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lena-siwel

Roman De l'Ombre à La Lumière. Adaptation.

 

OUHAOU LA CHAMBRE… !

Coup d'œil par la baie vitrée située à ma droite : un soleil matinal, blanchi de lueur claire, entre discrètement dans ma chambre, somptueuse, avec vue plongeante sur la cime des arbres. Pas de bruit ici, mais la douceur ouatée d'un luxe sûr de lui.

Sol recouvert d'une moquette épaisse, d'une blancheur virginale, s'étalant jusque devant la baie vitrée sans ouverture, où de longs voiles translucides filtrent la lumière pâlie de ce matin nouveau.

J'admire les étincelles projetées par le luminaire suspendu au plafond, qui fait briller mille éclats aux couleurs de l'arc-en-ciel dans ce décor de rêve.

De larges panneaux de bois clairs habillent intégralement les murs et en leur centre, partout dans la pièce, sont accrochés plus que des tableaux, de véritables œuvres d'art.

Dieu que c'est beau !  

Ces tableaux donnent tout le champ historique qui manque cruellement aux lampes design qui décorent la chambre, et prennent le relai de la lumière naturelle du jour, le soir venu.

 

NON MAIS JE REVE… UN CADEAU !!!!!!!!!!!

UNE ROBE DU SOIR  !!!

Sur le fauteuil Louis XV assis tout seul près de la fenêtre, est posée une grande boite ovale, gris perle, qui laisse s'échapper les pans d'une robe longue, décorée de mille et une fleurs retombant sur la moquette, comme un immense bouquet négligemment oublié ici, mais qui ne se fane pas.

… Et sur l'écume blanche de la moquette flotte une petite paire de mules à talon haut, toute de pierreries savamment revêtue, savamment revêtue car la couleur de chaque pierre correspond à la couleur de chacune des fleurs de la robe…

Qui m'a acheté ces cadeaux ?

… Peut-être les anges blonds peints au plafond, qui déroulent des rubans bleus autour de roses délicates dans un ciel d'azur ? Ou les visages féminins aux joues gonflées et bouches arrondies, qui soufflent des vents contraires sur cette scène exquise ? Car des pétales de fleurs s'envolent, s'envolent, dans des cieux infinis, qui accueillent mon regard perdu dans cet infiniment bleu.

Quel art ! Quelle maîtrise !

 

… ET MEME UNE GOUVERNANTE  INSOLENTE !!!

Vêtue d'une blouse blanche à fines rayures bleu pâle, elle ouvre la porte de la chambre en grand pour y faire passer sans encombre ses 1m60 de hauteur, et de largeur surtout.

Derrière elle,  un couloir entièrement recouvert de miroirs ciselés, et décoré de chefs-d'œuvre.

Elle ignore ma présence, passe devant mon lit pour se diriger vers le fauteuil Louis XV, tout en me fixant du coin de son œil droit, tandis que son œil gauche regarde droit devant elle.

Quelle prouesse !

— Je suis Linda, je dérange personne, je viens prendre la robe et les souliers, ça sert à rien le soleil et la poussière qui abîment tout ça !

Dans ses mains agiles ma robe se plie avec souplesse dans le grand écrin ovale qu'elle referme.

Qu'y a t-il écrit dessus ? Dor ? Dir ? Ior ?

Elle se baisse sur la petite paire de mules pour les ramasser. Elle ressort en emportant mes cadeaux, j'entends ses pas claquer sur le marbre du couloir tandis qu'elle se rend vers un quelque part qu'elle a nommé, je crois, dressing.

Mais avant de partir, elle a hoché la tête et prononcé, sans se rendre compte de la portée désastreuse de ses mots sur moi, ces paroles assassines :

— Pas fameuse… Je la trouve pas belle, moi !

De qui parle t-elle ?

De moi ?

Elle a refermé doucement la porte tout en levant les yeux au ciel, me laissant seule dans le silence de mon désarroi.

*

 Je suis une ombre, un fantôme.

Comment m'a-t-elle vue ?

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