sentimental
manu-cypher-rahl
Une question me vient toujours à l'esprit, comment ai je perdu le moindre sentiment? Je pense que cela est arrivé pour mes 27 ans, l'électrochoc a eu lieu un mois d'avril , dès ce jour je ne suis devenu qu'une coquille vide, mon métier l'exigeait.
Au début ça a été difficile, devoir ne plus aimer ma femme, ne plus aimer mon fils tout cela en donnant l'impression de les aimer. Au fond de moi c'était plus fort que tout j'avais beau avoir le besoin de me détacher, de prendre mes distances, de rester extérieur à tout ce qui leur arrivait, cela m'était impossible. Comment faire? Comment perdre intérieurement ma vie de famille et garder l'illusion de toujours être parmi eux.
Le déclic se présenta à moi un jour, où, pour mon travail je dus me rendre en inde, lorsque je vis ces femmes et ces enfants évoluant dans la misère et la maladie omniprésente tout fut clair pour moi, un constat presque irréel s'offrait à moi. Oui, ma femme et mon fils pouvaient connaitre eux aussi la misère et la mort, c'est pour cette raison que je ne devais plus m'attacher à eux, si jamais ils venaient à mourir je ne devais pas ressentir le moindre chagrin, ils devaient être pour moi des inconnus, si je ne voulais pas qu'ils connaissent la misère je devais continuer ce travail qu'on m'avait offert, et pour continuer ce travail je ne devais plus ressentir la moindre émotion.
Le temps que je rentre à la maison tout s'était mit en place et je commençais ma danse avec le mensonge et la mort.
Trois années passèrent, je m'étais habitué à être un mari aimant qui au fond de lui vivait avec des inconnus. Puis un jour mon âme vide fut de nouveau mise à l'épreuve, un deuxième bébé arrivait.
Comment est ce que j'avais pu concevoir un enfant moi, qui n'aimait même plus ma femme, comment avais je pu lui faire l'amour? J'aurai du aller voir des prostitués, alors là la danse aurait été parfaite, aucun attachement. Non ce n'était pas possible pour que la danse soit réellement parfaite je me devais de faire l'amour à ma femme, mais de là à concevoir un nouvel enfant, mon âme vide n'avait pas prévu ce coup, un nouvel enfant auquel je devrai faire croire qu'il a un père qui n'est en fait qu'un simulacre de figure paternel, l'homme de la maison, tu parles je n'étais rien d'autre qu'un fantôme, essayant de simuler son existence perdue.
La grossesse se passait bien, du moins c'est ce que ma femme me rapporta, étant régulièrement en déplacement pour le travail je ne suivais la grossesse que de loin entre deux contrats, finalement, la situation idéale, impossible de s'attacher.
Le jour de l'accouchement j'étais à la maison, la naissance se passa bien et sans problèmes ce fut rapide, j'étais déjà pressé de regagner un quelconque pays pour me désolidariser de ma femme et mon nouveau fils, seulement problème, quand l'infirmière me mit mon fils dans les bras, mon âme morte sembla refleurir soudainement, à cet instant je me mis à penser que je pourrai tout arrêter pour vivre une vrai vie avec eux, seulement comme tous les contrats que je devais faire signer, moi même, j'étais retenu par un de ces derniers, je ne pouvais pas quitter le navire aussi facilement.
Cette nouvelle épreuve de sentimentalisme fut certainement la plus dur à traverser, voir mon fils jouer avec son petit frère rouvrit ce que je m'étais donner tant de peine à enfermer sous des kilos de ciments. J'espérais retourner en inde pour ressentir avec un peu de chance le même électrochoc que la première fois, bien malgré moi cela ne se produisit pas, je me mis à chercher sur les JT de quoi me provoquer un début de fin de sentiment mais cela n'arriva pas, tout au plus le monde me sembla atroce, mais il n'y eu jamais de déclic.
Je me mis à chercher une réponse dans la méditation et les arts martiaux que je pratiquais depuis maintenant de nombreuses années, ces activités m'aidaient à rester froid et toujours sûr de moi, mais rien ne se produisit, ils avaient pourtant toujours été mes alliés et me permettaient de faire mon travail correctement, cependant rien à faire la brèche restait béante tel une plaie qui ne veut pas cicatriser.
A partir de ce jour tous mes voyages et contrats se firent avec une photo de ma femme et mes deux fils dans mon portefeuille.
Le temps passa de nouveau, ma main signait toujours les contrats mais mon âme appartenait à ma famille, ils avaient beau être loin de moi, je pensais quand même à eux et souhaitais rentrer au plus vite retrouver ce cocon chaud qu'était ma femme et mes deux fils. Un cocon chaud voila quelque chose que j'avais oublier, où peut être jamais eu, je ne sais pas, en tout cas ces huit dernières années j'avais été comme dans un squatte vivant dans le froid et l'humidité sans jamais vraiment dormir, loin du cocon chaud et rassurant que je m'étais créé malgré moi.
Puis un jour, un contrat m'échappa, l'homme qui devait signer avec moi possédait lui aussi un cocon chaud et rassurant et finalement je fus dans l'incapacité de mettre un terme à ce contrat.
Le genre d'accord qu'on signait dans ma société étaient du style à vous prendre la vie tout comme la mienne avait été prise, et pour la première fois je me refusa à signer.
Ce fut la seule fois qu'un contrat m'échappa, mais ce fut aussi la dernière, ma boite ne tolérait pas ce genre de manquement.
C'est ainsi que je perdis la seule chose que j'avais réussis à construire et dont je n'avais jamais réellement profiter, ma famille.
Comment vous expliquer comment j'ai perdu ma famille, en fait, c'est assez simple, ils se sont volatilisés. Un jour alors que je rentrai à la maison je la trouva tout simplement vide sans plus aucune trace de ma femme et mes fils comme s'ils n'avaient jamais exister.
Le dernier souvenir d'eux que j'ai est une soirée où nous étions tous les quatre, nous avons fait un bon repas, puis regarder un film, c'était une soirée d'hiver, il faisait froid dehors mais un feu de cheminée réchauffait l'atmosphère, nous avons rit et lorsque les enfants ont été au lit ma femme et moi avons fait l'amour comme nous ne l'avions jamais fait.
Tout cela remonte à maintenant 15 ans, désormais je vis en reclus dans une maison à l'écart de toute vie, l'argent que j'ai accumulé au terme de tous les contrats que j'ai fait signer me laisse de quoi vivre.
Vous me direz pourquoi ne jamais les avoir rechercher? La raison est la suivante lorsque j'ai pris ce travail il était clair que si j'échouai ou si j'abandonnai je perdrai tout, et c'est ce qui est arriver, je sais qu'ils sont mort tous les trois, je l'ai sus dès que je suis rentrer dans la maison, pourquoi? Parce que je connais mon travail...
un tueur à gage n'a pas le droit à l'erreur
génial, c'est bon ca! une chute vertigineuse qui n’arrête pas même après la lecture on en reste le cœur coi!!
· Il y a plus de 13 ans ·lanimelle
merci à vous, je suis aussi en retard sur la lecture des textes, j'ai pas mal de boulot en ce moment
· Il y a plus de 13 ans ·manu-cypher-rahl
J'ai tellement été embarqué dans l'émotionnel que je ne me suis pas un seul instant douté de la chute...Bravo !
· Il y a plus de 13 ans ·leo
Je repasse te lire plus tard l'ami !
· Il y a plus de 13 ans ·leo
Bonne histoire qui,à mon avis,peut se passer du dernier paragraphe.
· Il y a plus de 13 ans ·Marcel Alalof