Suite à la tempête xynthia .. je me suis promené dans les decombres d'une station balnéaire. Ca a donné ça.

Seuils amers

Dans le linceul fané des rumeurs océanes 
Mes pas m'ont emporté vers cette ville fantôme 
Je me suis arrêté peut être quelques temps 
A écouter rêveur le ressac repentant 
De cette vieille furie, qui pu tout dévaster. 

Dans ce cimetière marin, qui n'a point de navires 
Que des coquilles de noix aux ventres désertés 
Des bicoques arides ornées de draps étranges 
Comme autant de bandages sur des plaies de béton 
Aux slogans écoeurés, silencieuses suppliques 

La lame les a fouaillées, submergés de chagrins 
Et plus aucuns foyers réchauffés de leurs flammes 
Sur cette douce terrasse, cette pensée me vint 
Pour cette amie lointaine, cette sacrée bonne femme 

"Ce que mère a donné d'un coup mer a repris 
Ce que maire à promis, l'amer l'a bien compris 
Restera lettre morte au seuil des pavillons 
Il n'est nulle volonté de hisser pavillon." 

Alors ici ou là, on bricole sans entrain 
Monsieur balaie un arbre couvert de sel marin 
Madame à ses cotés reste les bras ballants 
Le sel que l'on balaye c'est celui de sa vie 

Et toutes ces fières maisons aux noms si prometteurs 
L'argonaute, la dryade et même le goéland 
Tomberons dans les rets de quelques promoteurs 
Puisqu'on craint d'autres vagues, soyons y donc marchands 

La mer en attendant regrette et se retire 
Emportant avec elle, les rires, les souvenirs 
Et dans l'écume salée, marcheur, si tu entends 
Venu des temps passés, les jeux de ces enfants 
Résonnant incertains comme pour disparaître 
Repose encore un peu, avec nous souviens t'en.