Silhouettes

Mathilde En Soir



Comme dans chacun de mes rêves, je cours. Je m'extirpe de cette foule si dense, de ce vacarme si assourdissant. Je les entends murmurer. Leurs souffles chauds rythment leurs pas bruyants. J'essaie de me relever, mais je me sens lourde. Suis-je une guerrière déchue dans leur cœur ? Peu importe le temps qui passe, il est trop tard pour reculer. Pourtant, il m'est difficile de ne rien regretter. Elles se sentent toutes apaisées. Mais moi, je ne ressens rien. Et tu es là .... dressé au-dessus d'elles, plongeant ton regard sombre dans le mien. Est-ce de la pudeur, ou une pulsion qui t'empêche de venir à moi ? Dois-je être heureuse ? Heureuse de savoir que toutes ces silhouettes qui t'entourent dansent et m'éloignent de toi. Tu te retires, préférant m'épargner cette cacophonie. Qu'importe l'état dans lequel je suis, les ténèbres commencent à m'engloutir. Mais je suis là ... où que tu sois, quoique tu me dises, je serai là. Écoute cette voix intérieure. Nous dansons, nous chantons, nous nous élançons, nous sommes des hommes, nous sommes des corps, nous sommes des ombres, nous sommes des mers, nous sommes des esprits, nous sommes deux. Rire, crier, quels mots d'ordres ... Même si cela me paraît bien lointain, tu me hantes. Qu'importe les silhouettes de ce rêve tortueux, qu'importe si tu es l'une d'entre elles, je suis là. Je suis déjà là. Je te chercherai partout. Ne t'arrête jamais de marcher, je te protégerai. J'y serai.

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