SNOW

Aurelie Blondel

Partie 5

"Il me prit dans ses bras, m'embrassa et s'assoupit."

Je restais un moment lovée contre lui, à écouter les battements réguliers de son cœur et à m'enivrer encore un peu de son odeur.
Il ne se parfumait pas mais il sentait naturellement bon. Une odeur magnétique.
Je savourais chaque seconde sachant que je devais rentrer.
Je quittais ses bras lentement, avec regrets. Je n'avais aucune envie de partir. Je me sentais bien plus chez moi dans cette chambre d'hôtel avec lui que nulle part ailleurs.

Je rentrais, toute courbaturée de cette journée d'amour sans répit.
Il avait eu du mal à me laisser partir. J'avais vu ses beaux yeux s'embuer de larmes au moment où je passais le pas de la porte.
Cela pouvait sembler ridicule puisque nous nous retrouvions dès le lendemain. Mais c'était comme ça... Se laisser, même un peu, était une véritable déchirure pour nous.
On s'aimait.
On s'aimait de cet amour qui coupe l'appétit, qui prend aux tripes, qui réveille en pleine nuit, qui remet tout en question.

J'étais chez moi et je le sentais encore partout sur ma peau, mes lèvres, mes cuisses, mes fesses, mes seins...
Chaque parcelle de mon corps portait son empreinte.
Des empreintes douloureuses par endroit mais j'aimais ça. Je me sentais plus vivante que jamais. Et malgré la fatigue, malgré cette journée entière de sexe encore et toujours, l'envie de lui était là, bien présente dans mon ventre. J'en voulais encore, je voulais l'entendre et le faire gémir de plaisir, sentir de nouveau le feu de l'orgasme monter en moi.
Je pris une douche très fraîche. Je devais me ressaisir. 
Je n'avais jamais eu pareille libido, je n'avais jamais été autant obnubilé par le sexe. J'avais du mal à me reconnaître. 

Sous la douche, je retenais mes mains pour ne pas me caresser. 
J'entrepris de penser aux lieux que je pourrais lui faire découvrir ou aux activités qui pourraient lui plaire, à faire ensemble, afin qu'il ne reste pas tout le temps enfermé dans cette petite, mais non moins confortable, chambre d'hôtel.
Et surtout, je n'étais pas sûre que mon corps puisse supporter sa cadence vorace, son rythme presque sans pause.

C'est pourtant ce qui arriva. 
A peine passais-je le pas de sa porte que je me retrouvais nue dans son lit, sur son lit, sur lui, lui sur moi... à la merci de ses assauts toujours plus avides et de plus en plus assurés. 

J'adorais ça et ne m'en plaignais évidemment pas. Aucun homme ne m'avait autant désiré. Mais quelque chose me perturbait, sans pouvoir réellement dire ce dont il pouvait s'agir.

Les jours passèrent à une vitesse folle et les au-revoir furent un supplice.
Je n'avais aucune idée de quand j'allais le revoir. Tout ce que je savais c'est que ça n'arriverait pas avant un bon moment.
Une semaine entière d'euphorie des sens, un bonheur complet, du sexe à n'en plus finir et n'en plus pouvoir, puis plus rien brutalement. Le vide total.

Je demandais à quoi bon goûter un tel bonheur, un tel plaisir si c'était pour devoir s'en passer et s'en morfondre ensuite. C'était cruel. 
Et il y avait toujours ce je ne sais quoi qui me chiffonnait.

Je mis plusieurs semaines avant de reprendre le cours de ma vie et percuter sur ce truc.
Nous avions partagé des moments extraordinaires. De la sensualité, de la tendresse, de l'intensité, du hard même. Nous avions partagé des fous rires aussi, des émissions tv bidons, des films...
Mais toujours confinés dans cette chambre d'hôtel. 
Jamais de sorties, jamais de plage et de bain de mer malgré un temps splendide et une chaleur assommante, pas de ciné, de resto non plus...
Juste cette chambre, cachés de tous, sauf l'hôtesse d'accueil qui n'ignorait plus rien de nos activités. 
Juste comme des amants.
Et cette perspective ne me plaisait pas du tout.

Est-ce que je me faisais des films toute seule?
Est-ce que je lui faisais honte? Étais-je le genre de femme avec qui on n'assume pas de sortir?
Peut-être étais-je juste la seule à éprouver tous ces sentiments, tout bêtement... Ça me faisait mal.

Pourtant, il me disait je t'aime assez souvent. 
Mais je remarquais aussi qu'il m'en demandait toujours plus quand il daignait prendre le temps de communiquer avec moi.
Toujours plus de photos coquines, toujours plus de sex-cam même si, je devais l'avouer, je prenais un plaisir aussi bien frustrant que jouissif à le voir se masturber devant moi pour finir par gicler sur son ventre, me faisant revivre toutes ces fois où il l'avait fait sur moi. 
Oh oui !! Du désir à foison...
Mais avec ce goût amer de sens unique dans la bouche.

J'avais l'impression d'être son jouet. Jouet ne sachant dire non, trop amoureuse pour cela et lui bien trop conscient pour ne pas s'en priver.
Juste un jouet qui s'exhibe pour satisfaire ses envies débordantes et lui donner matière à se masturber.

J'avais fait quelques tentatives de discussions, pour être rassurée sur ce ressenti que la distance pouvait provoquer. J'avais besoin de réponses franches même si déplaisantes.
Mais j'avais face à moi le roi de l'esquive. 
Souvent à répondre à une question par une autre, restant toujours évasif, comme si ses réponses lui permettraient de légitimer des actes que j'ignorais, à grand coup de "je ne t'ai rien promis / je n'ai jamais dit ça", jouant parfaitement avec les mots.
Je n'en disais rien mais j'avais repris toute ma lucidité. J'étais peut-être son jouet, mais pas un jouet naïf.

Je compris que je devais me méfier et rester sur mes gardes.


Aurélie.

  • Puis-je me permettre 2 petites rectifs d'orthographe, M'dame ? "Je n'avais jamais été autant obnubilé par le sexe" et, plus loin, "aucun homme ne m'avait autant désiré". Dans les deux cas, ne manquerait-il pas un "e" final, bien féminin, "obnubiléE", "désiréE"
    Bon, moi, j'dis ça..
    . Qui bene amat bene castigat !
    PS Si je me goure, tell me !

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Je ne suis pas vraiment fan de ce type de lecture, mais là je dois reconnaître que j'adore depuis le début. Vivement la suite =p

    · Il y a plus de 4 ans ·
    L as de pique avec tete de mort 30

    staff

    • Merci beaucoup, c'est très encourageant. Cette discipline n'est pas évidente je dois dire

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Img 20230305 224540

      Aurelie Blondel

    • Je veux bien te croire, j'en suis incapable. Ce n'est ni vulgaire ni à l'eau de rose, sincèrement bravo.

      · Il y a plus de 4 ans ·
      L as de pique avec tete de mort 30

      staff

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