Son retour

Valérie Girault

Je m'étais préparée à ne plus le revoir. Il était bien repassé à quelques occasions ces dernières semaines, je crois, mais je n'étais pas là. J'étais résignée. Je ne voulais plus que mon ciel se délave sous ses yeux. Je l'ai fui autant que j'ai pu, puisqu'il ne voulait pas de moi. L'oublier, vraiment, il était facile à quitter. Je m'étais habituée aux tempêtes, elles m'étaient devenues familières avec leurs prénoms démodés. Je crois que le calendrier était à cours d'idées pour les nommer ces tempêtes parce que ce matin quand je l'ai vu : je pensais rêver, encore. Je n'étais pas prête. 

Franc, éblouissant, massif : mon soleil est revenu ce matin. Il me prend au dépourvu comme d'habitude. J'aurais pu sortir et profiter de son retour. Lui pardonner son absence. Mais, je me méfie de ses grands retours. Il ne reste jamais bien longtemps. Je le connais, le temps d'enfiler un jogging il pourrait se carapater et me laisser sans scrupule. Alors, je ne le quitte pas des yeux. Le salon a changé de physionomie. Les murs se détendent sous sa chaleur encore un peu timide. Eux aussi profitent de ce moment. J'irais bien le voir de plus près et patauger dans le marécage qui me serre de jardin. Mais non, je ne bouge pas, j'ai peur de l'effrayer. Si ça tombe, il ne s'est même pas aperçu de ma présence. Et puis je suis un peu d'humeur rancunière ce matin. Fallait pas m'abandonner si longtemps....

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