Souvenirs et mouvant

Je me souviens de l'odeur des sablés et des veillées tricots chez ma grand-mère.

Des après-midis à la pèche, des cabanes construites avec des branches à l'extérieurs ou des parapluies à l'intérieur.

Des balades à objectif (toujours un) : cueillette des fruits des bois, des champignons ou des escargots, des noix, des pissenlits ou de la doucette…

Je me souviens des ses pulls, des ses robes confectionnés avec amour, de sa bonne humeur et des ses ronchonnages (elle était parfaitement imparfaite elle aussi) …
Je me rappelle ses expressions normandes que l'on reprenait tous en coeur... 

Je me souviens d'une vie en  banlieue parisienne, éphémère, passagère…

Je me souviens du jour de deuil, déposant une rose à l'image du Président sur la tombe des inconnus importants

Je me souviens des nuits à lire, dévorant les mots jusqu'à la dernière lettre,  jusqu'au dernier point, où la technologie n'étais pas encore dévorante et où on attendait des lettres des semaines...

Je me rappelle les boums chez Violaine, les premier slows,  les sonneries de sortie de classe, des éclats de rire, des camarades unis quelque soi notre couleur, nos origines ou nos histoires de vie…

Je me rappelle des premiers Atari, de mon premier Donkey Kong de poche pour faire comme les copains, de la télé en noir et blanc, de ma carte téléphonique qu'il ne fallait pas perdre…

Je me souviens de l'image d'un père qui rentrait tard le soir pris par son travail, avant qu'il ne disparaisse happé par la vie beaucoup trop tôt…

Je me souviens du papier peint à fleur orange sur le plafond du salon, du  cadeau de Noel unique que l'on attendait avec impatience, d'une vie heureuse faite de petits riens…

Je me souviens avoir été trop sage, trop responsabilisée, trop patiente, trop attentive à l'école.

Je vois le temps qui passe entre plusieurs vie les souvenirs qui remontent le plus restent ceux de l'enfance. Comme si tout ce qui se passe après n'a que peu d'importance...

Arrive-t-on à construire une vie ou est-elle un perpétuelle recommencement ?

Nous nous construisons nous même, c'est certain. Le matériel bouge et se remplace infiniment.

Les racines s'enfoncent où nous les enterrons.

Même si pour avancer nous devons couper avec le passé, avec des parents, avec certaines personnes qui nous blessent et nous freinent, il y en a d'autre avec qui on reste à jamais liées, par la pensée, par le cœur, ou par l'esprit. Des liens qui ne se désunissent. Des amis que l'on revoit sans notion de temps, de la famille qui est là quoi qu'il arrive…

La vie court… elle ne s'enfuit pas, elle tourne et tourne encore… elle nous marque, nous change nous souri. Elle laisse des trace ici et là. Qui se voient ou pas.

Et alors qu'on voudrait la freiner aujourd'hui pour profiter des heures qui passe plus doucement, on se souvient comme on était pressé enfant de voir le temps passé, les minutes, les heures, les années… "Je voudrai être déjà à Noel"," Je voudrai être déjà plus grande"," Je voudrai être une grande personne"…. Aujourd'hui je voudrai dire à cette petite fille ne soit pas si pressée et profite, le temps passe trop vite…