À la vie qui nous échappe.
Pas le temps de s'enfuir dehors,
Ils doivent courir. Ils accélèrent,
Google qui danse dès les aurores,
Assèche les globes oculaires.
Speed.
Que deviennent les livres, les écrits ?
On leurs transplantent des portables,
Notifications, sonneries,
Viennent bourdonner dans les cartables.
Speed.
Voici la fin des grands-parents,
Ces vieilles machines obsolètes,
Dépaysées par le présent,
Trop de vitesse sur nos planètes.
Speed.
Atrophie des imaginaires,
Y'a trop d'images à absorber,
Pour ces éponges en mode binaire,
Les pubs éduquent les bébés.
Speed.
Pas même le temps de s'échapper,
Famine d'idées. Et d'idéaux,
De ces valeurs plus qu'estompées,
Qui décolorent nos drapeaux.
Les rêves vides. Speed.
Sans perspectives. Speed.
Pas le temps de dormir de trop,
L'argent coule pas dans les fontaines,
Alors on planche, on se lève tôt.
Telle est la vie qui nous entraine.
Speed.
Aux temps des repas sur le pouce,
Dans les fastfood où l'on s'entasse,
Aux speed-dating, aux binge-drinking,
Essayer d'oublier l'impasse.
Speed.
Frénésies sociétales à tout va,
Les chaînes d'infos en continu,
Supernova dans les cerveaux
Une fois par jour ne suffit plus.
Speed.
Pas le temps de faire son travail,
Ils demandent toujours davantage,
Les burn-out en envolées,
Où se jeter ? De quel étage ?
Speed.
Les gens se hâtent sans direction,
Naviguent surplace au gré des normes,
De politiques occidentales,
En espérant que l'on s'endorme.
Liberticide. Speed.
Et insipide. Speed.
Sans sentiments. Sans existence.
À l'heure des désirs en syncope,
On s'accoutume d'insignifiance,
En fête où flotte l'effluve des clopes.
Speed.
On prend, on jette les amourettes,
Consommation de l'Homme par l'Homme,
Sur Tinder ou sur Internet,
Viennent errer nos vieux fantômes.
Speed.
Dans la chaleur humaine glaciale,
Surchauffent nos corps en solitude,
Bien trop d'hameçons pour ne pas mordre,
À ces promesses en altitude.
Speed.
Pas le temps de voir à l'intérieur,
De nous aimer. Nous consoler.
Quand ça va pas, y'a mieux à faire.
Comme s'en aller aimer ailleurs.
Speed.
Il n'y a que des fins solitaires,
Entre les griffes et les écueils,
De vie, de mort dans la poussière,
Et dans ce cri, je me recueille.
Le cœur aride. Speed.
Les yeux humides. Speed.
J"aime beaucoup! coup de coeur!
· Il y a plus de 9 ans ·anne-onyme
Hey ! Merci !
· Il y a plus de 9 ans ·Pierre
très beau texte , reconnaissons quand même que nous vivons dans un pays où l'alternative pour nos pensées peut se diriger à son gré sans tourner en boucle ,vais je manger aujourd'hui .
· Il y a plus de 9 ans ·Nicole Azais
Je ne suis pas sur de tout comprendre mais il est vrai que l'on peut encore penser librement, ce n'est pas encore le cas partout. Espérons juste que l'on puisse encore avoir le temps de penser (au sens : sortir un peu la tête du guidon) dans 20, 30, 40 ans si ce rythme augmente encore. Merci pour ton avis.
· Il y a plus de 9 ans ·Pierre
Magique ! superbe ! sublime j'adore
· Il y a plus de 9 ans ·rital06
Quel engouement !! Merci !
· Il y a plus de 9 ans ·Pierre