Speed dating estival.

Seb Fontenay Meaza

Ljubjana - Zagreb - Sofia - Bucharest - Budapest - Prague.

Cet été-là j'avais vraiment besoin d'air. Antoine aussi. On a pas beaucoup réfléchi. Ni une, ni deux, nous voilà dans un train un peu miteux, prêts à en découdre avec les filles de l'est. 


1er round, je découvre une petite aux airs méditerranéens. Sensible sous ses grands airs d'arriviste. Lulu me tue. Elle me prend les mains pour mieux me toucher. Elle me raconte ses envies d'occident en murmures. Découvre ses bras pour me montrer toutes les couleurs qui s'y sont pris au pièges. Des formes aussi. Alors je me laisse faire. Je l'admire boire le soleil et toutes les couleurs. Qu'elle est belle Lulu.


Le gong retentit pour la première fois. Drôle de picotements. C'est trop court. Plus que ce que je pensais. Je m'approche avec prudence de la deuxième. Elle est sensuelle mais parait un peu vide. Elle a du sentir un peu de réticence. Et comme pour me rassurer elle me dit que c'est l'été qui lui fait cet effet. Je ferme les yeux en espérant que ça passera plus vite. Z. est quand même bien moins intéressante que Lulu, que je regrette déjà d'avoir quitté.


2ème retentissement. 3ème round. On commence à être rodés. Enfin je crois. Mais quand je vois S. j'ai un peu peur. Pas vraiment peur, mais je suis pas très rassuré. Sans doute à cause des stéréotypes de chez nous. Parce qu'elle ressemble vraiment à une gitane. Et c'est toujours un peu flippant. Mais comme on dit l'habit ne fait pas le moine. Je l'écoute. Et rapidement je la trouve très attirante. Belle et baroque, elle prétend tout de même être dangereuse sur les bords et nous met en garde. Elle nous prévient gentiment que sa voisine lui ressemble. C'est les derniers mots de Sofia. 


Elle a raison d'ailleurs. Maintenant que je suis en face d'elle, à l'analyser, j'ai comme une impression de déjà-vu, même si S. était beaucoup plus séduisante. Elle a le teint grisâtre et un physique très carré.Elle me raconte sa jeunesse difficile, ce qu'elle a subit. Et me souffle qu'elle doit être un poil maso pour continuer de vivre comme ça. Elle à l'air si triste. J'aimerai qu'elle me dise encore. Qu'elle me dise qu'elle veut changer. Mais je ne suis pas sur qu'elle soit prête. J'aurais aimé un peu plus la connaitre elle aussi. Mais je suis déjà en chemin pour la prochaine étape. Je parcours les quelques kilomètres la tête dans les nuages.


Je m'assoie et j'ouvre les yeux. Putain va falloir que je stoppe le whisky. Je commence à voir double. Deux superbe filles. Elle dégagent une beauté si naturelle. Je me tourne vers Antoine. J'espère que je ne suis pas en train de rêver. Mais quand je vois son sourire. Pas de doute. Je crois bien qu'on vient d'avoir notre premier coup de foudre. On sait que ces deux là nous marqueront à vie. Quand la première commence, je redeviens un ado. Tout excité. Avide d'apprendre et de connaitre tout ce qu'elle voudra bien partager. Quand vient le tour de la deuxième on les a déjà dans la peau. Elles sont traditionnellement moderne. Pas moderne technologiques. Plus modernes artistiques. Elles ont vraiment une bonne longueur d'avance sur nous. Sans gênes, elle nous explique que même si elle sont froides en hiver, elle sont chaudes en été. Qu'elles font de la musique et de la peinture. Qu'elle prennent le vieux pour lui donner une nouvelle vie. C'est dans ce sens qu'elles sont modernes. Plus on boit, plus on les aime. Plus elles sont belles. Mais comme d'habitude, on ne sait pas vraiment s'arrêter. Les jumelles nous apaisent. Jusqu'au moment où nos yeux se ferment. 


Ce matin on s'est réveillé avec une sacré gueule de bois, au point que j'étais incapable de dire si j'avais rêvé ou non. Antoine se lève à son tour, et je vois la marque entre ses omoplates. Alors je sais. On rentre à la maison des souvenirs pleins la tête, un peu tristes de n'avoir pas conclu. Quand je sors mon billet en montant dans le train, un bout de papier tombe de ma poche. Un numéro écris au noir. C'est l'une des deux jumelles. En dessous des chiffres une promesse de se revoir. «  À bientôt. -B- ».


Antoine me sourit. Et c'est à son tour de promettre.


De promettre de venir  nous voir quand je la rejoindrai.

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