Spleen

Tu sais ce qui me fait le plus mal ? C'est que je ne peux rien te dire de tout ce que je garde à l'intérieur. Toutes ces vagues qui déferlent en moi se brisent trop loin, beaucoup trop loin pour que tu puisses les voir, ou les entendre. M'as-tu seulement jamais entendue ?

            J'aurais voulu te dire que tu m'as fait mal comme jamais je n'ai eu mal. J'aurais aimé te dire à quel point tu me manques. Et à quel point c'est a été dur de ne pas répondre à tes appels. A quel point ca a été plus dur encore  de te voir si facilement abandonner la partie. Ca t'a pris quoi ? Un, deux jours ? Pour  tout effacer d'un trait, me laisser seule face à mes incertitudes, à mes doutes, à toutes ces questions que je me suis posée  et que je me pose encore.

            J'aurais voulu te dire à quel point je suis en colère. En colère contre toi, de m'avoir bercé d'illusions, de m'avoir fait boire à la source de tes chimères pour ensuite me délaisser, me laisser me noyer dans ce même océan de rêves qui ne me veulent aucun bien.

            J'aurais voulu te dire que je suis en colère contre moi aussi. De t'avoir cru sans que tu aies besoin de prononcer les mots magiques. De t'avoir laissé me toucher au plus profond de moi, de t'avoir laissé franchir toutes mes barrières sans rien te demander en retour. De n'avoir écouté personne. Ni mes amis qui me sermonnaient pour faire attention, ni ma raison que mon cœur a su faire taire.

            J'aurais voulu te dire que tu es un imbécile. Qu'on aurait été heureux, si tu avais eu un peu plus de courage. Que j'aurais été prête à tout pour peu que tu le demandes. Que je t'aurais aimé comme pas possible. Que je t'aime même un peu maintenant, malgré tout, malgré moi, malgré toi, malgré la distance, ta lâcheté et ta fourberie.

            Tu sais, j'avais tellement rêvé cette rencontre. J'avais des scénarios plein la tête pour ces deux jours, je les avais vécu et revécu mille fois dans ma tête. Tu sais, tu sais… Tu ne sais rien. Tu ne peux rien savoir, ou alors juste ce que tu auras deviné, puisqu'il y'a toujours eu cet océan de non dits entre nous. Mais est ce seulement de ma faute ?

            Le plus triste dans cette histoire, c'est que parfois je me surprends à espérer que je te manque. Que tu te demandes ce que je fais, que tu es triste, au moins un peu, que tu regrettes…mais ce serait trop espérer…etre conne à nouveau.

            Alors je t'écris, je t'écris des mots que tu ne liras jamais, pour te dire Adieu, pour te bâtir une chambre dans mon cœur et t'y enfermer à jamais, toi et tous tes non dits, toi et ton égo démesuré, toi et cette histoire qui n'a jamais pu commencer.  Adieu.