Station Pigalle

miroska

Station Pigalle

Sa bouche les avale un par un
Ils y vont, ils y viennent
comme dans un moulin
les p'tits coolies, les grands complets,
les très pressés, les juste paumés,
avec ou sans ticket,
un par un, ils s'en vont, ils emmènent
avec eux le rose et le bleu
du ciel de Rochechouard
avant que le soir,
sa bouche ne les recrache, un par un,
les bas troués, les hauts talons,
les complexés, les manteaux longs,
un par un de Rome ou d'Anvers,
ils y vont, ils y viennent,
pour le tapis vert, les néons rouges,
pour la nuit toute entière,
pour la Boule noire et la goutte d'or,
les néons rouges et le tapis vert
en bas de la butte, les revolvers,
pour ses Folies et les souvenirs
de Josephine et d'avant-guerre,
pour qu'une dernière fois,
la der des der,
une nuit toute entière
un par un, depuis sa bouche
Ils s'fassent la malle
Station Pigalle.

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