Sticky Fingers : 1 pochette, 2 tubes et quelques ébauches…

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Une pochette signé Andy Warhol ? La belle affaire ! Si l’aspect sulfureux du 4e  opus des Rolling Stones (mis en avant via son titre et la photographie de la pochette pour annoncer la teneur des paroles d’une bonne part des chansons) ne peut que réjouir mon instinct de trublion, la musique proprement dite ne satisfait que fort peu mon penchant « mélomaniaque » et je m’en explique :

Si l’on attaque l’écoute par Brown Sugar, titre redoutable que je classerais parmi les 10 meilleures compositions du duo Jagger/Richards, on se retrouve ensuite inexorablement enlisé dans le ventre mou de cet album. N’en émerge en effet qu’une maigre ossature constituée du tubesque Wild Horses, le vénéneux Sister Morphine (titre enregistré en 1969 et principalement écrit par Marianne Faithfull) et Moonlight Mile qui ferme la marche non sans évoquer le compatriote Bowie. Pour le reste Mick et sa bande nous promène entre balade mollassonne (Sway) et interminable (Can't You Hear Me Knocking), deux blues moyens (You Gotta Move) voire insignifiant  (I Got The Blues), et espèrent assurer leurs arrières en petites foulées avec Bitch et Dead Flowers. 

Je ne m’attarderais pas davantage sur ces morceaux, qui valent quand même (car qui peut dire que les Stones se plantèrent totalement ? Du moins à cette époque…) en qualité de prélude d’un retour aux sources blues et soul, ou de résurgence des monuments rock précédents. Cette situation est pour moi à mettre au crédit de la première participation pleine et entière de Mick Taylor dont l’apport n’est du coup pas encore à total maturité, avec l’héritage d’un Brian Jones à digérer en prime.

40 ans plus tard je ne nie donc pas l'importance et la nécessité de Sticky Fingers car il opère une transition dans la discographie des pères de la rock attitude. A la fois rejeton mal assumé de Let it Bleed et balbutiement d’Exil On Main Street, l’album porte toujours bien son nom : il m’évoque l’outrage aujourd’hui gentiment surannée et un poil sexiste de cinq polissons pris en flag’ une main dans le pot de confiture (du blues), l’autre dans la culotte (du rock). Une synthèse que les Rolling Stones personnifient pourtant, car ils la réussirent à maintes reprises au grès d'albums où provocations et rock’n’roll ne faisaient qu’un.

  • Bien sûr on peut ne pas aimer cet album, mais je m'étonne de le voir à ce point négligé. Parti d'un style légèrement "gonzo", je trouve la critique dure, certes, mais elle est toutefois bien ficelée. Attention cependant que Sticky Fingers n'est pas le 4ème album de la bande à Jagger, mais bien je pense le 9ème déjà si l'on s'en réfère au catalogue anglais ...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Nmg orig

    Romain Veys

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