Sticky Fingers

oneiros

Sticky Fingers ! Un mythe qui gît au fond d’un bol de soupe insipide à la surface de laquelle flottent encore les nouilles fraîches que les maisons de disques essayent de nous faire avaler.

Mais peut-on encore parler de « mythe » dans cette époque ou les pantalons moulants sont synonymes de mauvais goût et le plus subversif de vaguement dire que les Français sont des cons ? Le constat est édifiant, de nos jours aimer les Rolling Stones c’est être un vieux con qui n’a pas su vieillir avec son époque. Un de ceux qui se masturbent encore sur une période révolue ou l’on pouvait coucher avec la femme de David Bowie, David Bowie lui-même et faire une chanson là-dessus ensuite. Ça ou un jeune paumé, mal dans sa peau qui veut pourtant encore croire qu’il est possible de mettre une nana dans son lit en lui chantant « Wild Horses »

J’ai essayé, on m’a demandé ce que je chantais, puis si je n’avais pas un CD des BB Brunes.
J’ai expliqué, parlé de Marianne Faithfull et on m’a demandé pourquoi j’avais l’air si ringard.

Je vous le demande, donc, comment un mythe peut encore tenir debout dans une époque ou les chansons se téléchargent à neuf centimes où les concerts ne sont plus surveillés par des Hells Angels, et où, horreur, les gens en sont arrivés à ce consensus  « Les Beatles et les stones ? Les deux sont cools, j’ai pas de préférence ; Mais je suis plus pour les Beatles quand même, Lennon fait une pub pour une voiture, c’est chouette ! »  Ecœurant. 

Une sortie de Sticky Finger en 2011  m’aurait donné envie de pleurer. Brown Sugar aurait été censuré par les charts américain, Mick Jaggers fait des excuses publiques et probablement fini en cure de désintoxication sexuelle  tandis que « You Gotta Move » se serait retrouvé en Jingle du grand journal ou dans une pub pour du Cacolac.

Mais je le concède, j’aurais sans doute craqué pour un « Cant you hear me knocking » à 30 centimes en sonnerie sur mon téléphone.

Au final il m’est difficile de dire si Sticky Finger est réellement un mythe ou juste un excellent album porteur d’une époque –que j’aime à me dire fabuleuse- que je n’ai pas connu.

Probablement un peu des deux, car je n’aurais jamais pris la décision la plus importante de ma vie : être plus Stones que Beatles, si ce n’était pas le cas et si quelques riffs de guitares de Ry Cooder n’avaient pas été porteur d'émois amoureux inintéressants.  
 
Sticky Fingers ! Un mythe qui contrairement aux Stones –et malheureusement tant d’autres- ne s’est pas ridiculisé en s’obstinant à porter des pantalons en cuir, à tirer la langue de manière obscène et à hurler à des soixantenaires impotents et des vieilles ménopausées qu’il faut faire l’amour tout de suite.

Il a ça de magnifique qu’il s’impose parfois sans le vouloir et que surtout, il est resté ancré dans son temps ; S’est bonifié comme du bon vin et que chaque écoute m’envoie en plein visages des parfums de sueur et d’amour qui me ferait presque oublier l’odeur de merde de mon époque trop triste.

  • Plus qu'une chronique sur l'album, c'est une chronique sur une époque que tu nous as sorti là ! Un style à part. Très intéressant (et complètement vrai !). Well done.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Nmg orig

    Romain Veys

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