Sticky Fingers/La main chaude
Thierry Noyelle
Il y a d'abord la pochette. Un éclat de dandysme rock. Le dandysme étant la forme la plus accomplie du dédain de soi. La photo est sombre: c'est quelque chose au bord du visible et du funèbre. Un fantôme blond murmure sa romance à l'abri du noir – deux plumes noires – lavis de Brian. Le zip s'entrouvre comme une tombe. La messe peut commencer et les maigres paladins du diable défaire le vieux monde.
Les pierres roulent les ambiguïtés, galets repris aux lettres du rock. Les amours jaunes des fleurs de chanvre s'accordent au blues orné de tresses psychédéliques. La voix de Mick Jagger ne garde que le désir et va. Les mots passent comme autant de chardons décousus.
Orages électriques, cendres opiacées, liqueurs séminales, les garçons sauvages braquent les boulevards avec des guitares. ( Renforts de Mick Taylor et de Ry Cooder à la slide.) Sticky Fingers – des hommes de main – les doigts qui saignent. Un avant-poste de l'armée du crime. Là où la fièvre est commune.
Mick Jagger et Keith Richards: deux frères réunis par la souffrance du lien défait. Ils portent en eux l'horrible révélation d'un terme. Un soleil noir et lourd ensevelit le jour.
White Horses: un blanc destrier m'appelle pour prier, la douleur des bêtes s'exile dans nos têtes.
Sister Morphine: être à soi même révulsif stupéfié permet d'échanger sa propre coincidence.
Dead Flowers; j'irai déposer sur la tombe une brassée de fleurs pâles.
Ca manque d'un peit quelque chose, après une première moitié presque psychédélique ! Dommage mais peut-être n'est-ce qu'un début ?
· Il y a presque 14 ans ·Romain Veys