Voyage sans retour

Florian Lafani

La vie s’avance, pétillante, avec un collier de notes autour de cou. Elle se déhanche sur ses talons noirs, marche devant nous en rythme, les cheveux qui nous invitent à une luxure partagée. On est entraîné, on tremble de passion et soudain le monde nous paraît petit. Si petit. Nous sommes au-delà, en pleine lumière, le corps en apesanteur. Les paroles s’affichent sur les murs et martèlent leurs désirs sans honte.

Puis elle se retourne avec ce ralenti des films qui hésitent entre le romantisme et l’horreur. Le regard brut, la démarche ancrée au sol, les yeux d’un univers perdu dans la douleur, nous arrachant la sève que nous avions ensevelie loin des échos.

Alors le monde enclenche soudain le moteur qui braille et traverse le ciel, les cerveaux, les plaines, les montagnes, les fleurs, les animaux, les bateaux, les étoiles, les lueurs et les envies.

Pas à pas, c’est l’étrangeté qui se réveille et nous appelle : « Eh, Eh, Allez, Allez ! ». Nos doigts se crispent mais ne peuvent résister. Sauvages, sucrés, drogués, sous les lumières d’une mort de plaisirs. Une petite mort intense sur un chemin qui balance du rock au blues, au cœur profond des êtres bousculés d’une piste à l’autre.

Un matin, on reçoit un appel. Rendez-vous dans le train. Voie 9. Apportez des fleurs en chantant, vous ne serez pas seuls, vous vous reconnaîtrez. Et ça démarre sans que nous ayons compris, et ça accélère sans que nous ayons vu, et ça continue sans cesse sans que nous l’ayons voulu. Jusqu’au désert où les âmes touchées se retrouvent, se reconnaissent et se sourient. Portant tous le même jean. Pour un concert unique des Stones : Sticky Fingers.

Signaler ce texte