Sticky Fingers

lachouette

2011. Sticky Fingers a 40 ans.

1971. Les Rolling Stones sont au sommet de la grande roue.

Une époque où l’on se pressait aux concerts pour les voir, et pas seulement pour les avoir vus.

Beaux, célèbres, rebelles et immortels.

Brian Jones a bu la tasse, le fisc britannique est aux trousses, Meredith Hunter s’est fait planter à Altamont. Qu'importe, le grand cirque continue. 

Le flower power est mort, alors vive Dead flowers !

Jagger & Richards sont formidablement inspirés. L'étincelle est là, ils ont le mojo et une audace sans limite.

Le quotidien fournit les histoires. Ici sex & drugs écrivent le rock n' roll.

Tendance sombre, tension maximale.  On flirte sans cesse avec la bien nommée ligne blanche.

Ca bouillonne, ça sent la folie à tous les étages.

C'est aux studios Olympic qu’on aligne le line up chargé de l’affaire : Bobby Keyes fait vrombir le cuivre, le discret Mick Taylor fera regretter son talent pour les siècles à venir. D’autres pointures, comme Ry Cooder, Hopkins, Preston, Stewart ou Price sont de la fête aussi, en embuscade sur les lignes arrières, pour la magie des finitions.

Sous la houlette de Jimmy Miller, la sauce prend. Chaque ingrédient à sa place, dosé à la perfection. Un mixage intelligent et riche. Un son énorme.

Blues épicé de soul sur I got the blues, de country sur Dead Flowers, ou tendance heavy rock  sur Bitch ou Can't you hear me knocking, apothéose de l'alchimie entre les deux bretteurs.

Partout dans le monde on trempera sa chemise sur le mythique riff de Brown Sugar, et on versera une larme au coin du feu sur Wild horses ou sur la délicate Moonlight Mile.

Et pour emballer l’affaire, une idée de Warhol.

La fameuse cover. Elue meilleure pochette d'album de tous les temps par VH1.

La vraie, bien entendu. Celle qui s’abîme, celle qui écorche les voisines, celle qui pousse des individus à claquer des sommes extravagantes juste pour la couleur de la braguette, celle qui donne l’irrépressible envie de percer le mystère et d’aller reluquer de plus près l’outil du vigoureux Joe Dalessandro, celle dont les gens se souviennent précisément où et quand ils l’ont achetée. Faites le test, vous verrez.

Et à l’intérieur pour la première fois le célébrissime logo de John Pasche.

Les légendes sont faites de détails après tout.

Alors on peut indéfiniment poser la question« c’est quoi être rock ? », ou se demander pourquoi diable ces vieux mecs sont à jamais le plus grand groupe rock de tous les temps ?!...

Et trouver d’innombrables réponses.

Sticky Fingers en est une sérieuse. 

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