Suppose

Colette Bonnet Seigue

Poème à la manière de "Suppose" d'Eugène Guillevic




Suppose

Que demain je t'offre ailes d'or

Pour ranimer tes pas sur tes sentes d'été

Et que je te demande,

De doux rivages vierges

Pour m'y laisser porter

Corps et cœurs enlacés.


Suppose

Que les heures volées aux jours furtifs

Paressent à ta survie

Et que je te demande,

Une bolée d'amour

Pour étancher ma soif

De te garder toujours.


Suppose

Que la nuit habillée de l'été

Nous brûle à ses tisons

Et que je te demande

De veiller à ses braises

Pour ma parure d'or

Toute en robe de flamme.


Suppose

Que les battants décrispés aux fenêtres

Se fermeront jamais

Et que je te demande,

D'ouvrir grande la porte

Pour m'y laisser entrer

Et d'y perdre sa clé.


Suppose

Qu'au jardin chlorophyllé d'azur,

Les arbres chevelus ne perdent plus leurs feuilles

Et que je te demande,

Pour les bourgeons à naître

Au muret d'un printemps,

D'effacer nos hivers et leur silence blanc.


Suppose

Que nos rires bâillonnés au chagrin

Éclatent en feu de joie

Et que je te demande,

Agrippée à tes lèvres

Pour l'onde d'un baiser,

Un sourire de paix.

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