Sur le divan du psy

Jean Claude Blanc

sans commentaire...

                               Sur le divan du Psy

J'ai vu mon psy, c'est dans les normes

Gagné mon nid sans voir personne

Je ne veux pas leur l'aumône

A mes intimes qui m'ignorent

Pourtant voisins, c'est un peu fort…

 

Pris ma bagnole, mis le contact

Sur RMC me décontracte

Suivant ma route à l'improviste

A ma façon dégage la piste

 

Morne journée présage l'automne

Quelques rayons déjà frissonnent

Campagne déserte comme d'habitude

Demande pas sollicitude

 

Rien que pour moi, noircis des pages

Je vole au vent de mes nuages

Sentant en moi monter l'angoisse

Quelques minutes…après ça passe

 

Se rétrécissent mon entourage

Mon dévouement, mon sage courage

Me tournent le dos mes amitiés

Pour ma famille, je suis une plaie

 

Je ne sais plus où je suis bien

Cherchant en vain ma destinée

De mon séjour est-ce la fin

Où instant de lucidité

 

N'ai plus le goût de bavasser

Prendre des nouvelles du temps qu'il fait

Car en moi-même, c'est pas la fête

Préfèrerais avoir la peste

 

Fuite en avant, ce n'est qu'un leurre

Sermon facile de mon docteur

En fait ma vie, vaut pas un clou

Restent mes enfants, mes petits minous

 

Ce soir plongé en ma torpeur

Exténué marque plus bien l'heure

Shooté, dopé à mes humeurs

Bonheur, malheur, j'ai mal au cœur

 

Mon stylo noir, marche tout seul

En prolongement de mon cerveau

Creuse ma cervelle, mon linceul

Plutôt crever le verbe haut

Tout en prenant de l'altitude

Inspire ma dose de solitude

Jaillit mon art de scribouillard

Sans prendre de gant à mon égard

 

Chaque soir ainsi, je versifie

Mes comédies, mes tragédies

J'aime vous confier mes vérités

Mes récurrentes absurdités

 

Sûrement agace mes congénères

Ma dulcinée, ma vieille mère

Que faut-il faire dans cette galère

Tromper la mort, fuir l'enfer…

 

Depuis tout petit je désespère

C'est ma nature, voyez mon air

Traine mes galoches sur les trottoirs

En poursuivant mon corbillard

 

62 ans, vanné, ruiné

Je peux encore faire des progrès

Prendre une corde, me faire sécher

Etant paré pour y passer

 

Quand tout fout le camp, faut suivre la vague

Pas résister à se noyer

Car l'existence n'est qu'une blague

Sûrement mauvaise pour mes aimés

 

Mélancolique, en ma nuit sombre

En vous livrant ma part d'ombre

Sorte d'SOS, d'un naufragé

Qui ne veut pas vous déranger

 

Petit à petit, je baisse les bras

Même mes forces m'abandonnent

Personne ne fait plus cas de moi

Sauf la Vierge, ma douce Madone

 

En résumé la confession

D'un de mes fidèles compagnons

Ça peut être vous, peut-être moi

D'en être atteint de ce mal sournois

 

J'ai vu mon psy, je pète la forme

En forme de quoi, me le demande

Mais pour mon pote, je le questionne

A sa façon, me réprimande

« Pansez vos plaies, les vôtres d'abord »

J'en suis sorti fort de mes torts           JC Blanc septembre 2015 (dose homéopathique)

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