Sur un malentendu

Hervé Lénervé

Sur l’air d’un malentendu, ne nous marchons pas sur les pieds.

Commissariat de quartier, tôt le matin à l'ouverture, 11 heures 30.

- Bonjour, Monsieur le Brigadier-Chef.

- Ouais... c'est à quel sujet ?

- je voudrais modifier ma déposition que je vous ai faite, hier...

- Trop tard ! C'est parti ! Nous, ça chôme pas dans la police.

- C'est embêtant, car je voulais rectifier un malentendu. En fait, les Extra-Terrestres qui m'avaient kidnappé, c'en était pas ! En fait, c'était mes potes, pour me faire une farce, ah les farceurs !

- C'est trop tard ! Attendez-vous, à recevoir, sous peu, la visite des Agents Très Spéciaux, Spécialisés Dans Les Contacts E.T. Les « ATSSDLCiTi ». (Acronyme légèrement modifié pour mémoire mnémotechnique.)

- Merde ! Ça ne m'arrange pas, car j'ai déjà eu à faire à eux... sur un malentendu, bien sûr !

- De toute façon, ils notent tout, ce sont des pros, des durs, des hommes aguerris, rôdés aux combats les plus épiques à mains nues contre l'adversité. Je ne donne pas cher de votre peau, même avec des malentendus.

- Pourtant, j'ai une belle peau, juste une petite cicatrice à cause de mon opération à cage thoracique ouverte. Mais c'est de leur faute, aussi, à eux, les chirurgiens. Ils ont été obligés de me rouvrir, pour récupérer leurs canettes de bière.

- Moi, ce que j'en dis, je ne les fréquente pas, trop dangereux.

- Donc, pour ma déposition, n'y aurait-il pas moyen, de monnayer en nature liquide, un petit service amicalement illicite ?

- Nous y voilà ! Eh, bé, on peut dire que vous êtes long à la comprenette, vous. Bref, maintenant que nous sommes partis sur de bonnes bases, discutons sans malentendu.

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